Genève

Berne veut taxer les pourboires

09.10.2024 18h39 Denis PALMA

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L’administration fédérale envisage ponctionner sa dime sur cette manne financière qu’elle estime à près d’un milliard de francs, selon les chiffres publiés par la Tribune de Genève. Le milieu de la restauration et la classe politique à Berne sont vent debout contre ce tour de vis. 

Un café, l’addition, et pourquoi pas, un petit pourboire. Cette petite monnaie comme les pourboires laissés par cartes bancaires, Berne envisage de les taxer, car considéré aux yeux de la loi comme des revenus. Pour une cliente présente à l’heure du diner, il s’agit clairement d’une mauvaise idée. «Je pense que les travailleurs méritent leurs pourboires. C’est un cadeau. À l’époque, le «pour-boire» voulait dire un verre de vin offert au serveur pour qu’il ait le plaisir de gouter. C’était son pourboire. On ne taxait pas un verre de vin, on ne taxe pas un cadeau. Je pense que cela serait trop compliqué aussi pour les restaurateurs de rentrer dans ce genre d’administration, estime-t-elle. 

Les pourboires considérés comme des dons

Selon le patron de «Chez Léo», les pourboires doivent être considérés comme des dons des clients aux serveurs. Ce qui selon lui, «n’a rien à voir avec les revenus. Dans les services de la restauration, on a le «service compris». C’est-à-dire que le salaire du serveur est déjà calculé. Le pourboire, c’est parce que l’on a été bien servi. Cela n’a pas à être taxé», lâche Daniel Carugati, également Vice-Président de la Société des Cafetiers.    

Sous la Coupole à Berne, les velléités de l’administration fédérale ont entrainé une levée de boucliers. Pour l’élu au Conseil national, Vincent Maitre cette éventualité est disproportionnée, mais pas seulement. «Cela va générer une bureaucratie monumentale pour les patrons qui devront comptabiliser les pourboires tout comme les serveurs. Mais c’est aussi injuste, car il s’agit de salaire particulièrement bas. Venir grappiller  quelques francs d’impôts sur ce que je considère comme un don, c’est mesquin.»

Le conseiller national du centre est à l’origine d’une motion soutenue par tous les partis. Elle propose d’exonérer totalement les pourboires des restaurateurs. Une motion qui devrait être débattue lors de la prochaine session du parlement fédéral.