Genève

Bertrand Piccard: «J’ai mon honneur à récupérer»

30.10.2024 19h56 Rédaction

La société Prime Energy Cleantech, qui avait levé des millions de francs en échange d’intérêts juteux, se met en faillite. Son ancien ambassadeur, Bertrand Piccard, se dit piégé. Il nous accorde un entretien.

C’est la douche froide pour des centaines de petits épargnants qui avaient investi des dizaines parfois des centaines de milliers de francs dans des actions et obligations de la société Prime Energy Cleantech. Promettant des intérêts de 4%, grâce à des investissements dans le solaire et l’éolien, l’entreprise a depuis engagé une procédure de faillite en raison de problèmes de liquidités. 

Quelle est l’ampleur du problème? Fait-on face à une pyramide de Ponzi? L’affaire est encore floue. On parle de plus de 100 millions de francs et des centaines d’investisseurs qui risquent la ruine. Ils se sont réunis mercredi soir dans un restaurant genevois pour discuter des éventuelles suites pénales à donner.

«Personne ne pouvait s’attendre à une immense arnaque»

Bertrand Piccard a été l’un des ambassadeurs de ces programmes et a notamment donné des conférences. Depuis Carouge, il rappelle que sa fondation avait labellisé ce modèle. «Le modèle est toujours bon. Le problème c’est que l’actionnaire principal a puisé dans la caisse pour emprunter de l’argent qu’il n’arrive plus à rembourser. La société est en crise de liquidités, elle ne peut plus payer les coupons des obligations et on se trouve dans une arnaque, explique-t-il. Ça me fait extrêmement mal parce que j’y ai cru, j’ai investi moi-même, j’ai encouragé d’autres gens à le faire comme je le faisais moi-même.» D’après lui, il reste «beaucoup» d’actifs et appelle à garder espoir.

Interrogé sur son rôle, l’explorateur répond: «C’est comme si vous reprochiez à Federer d’avoir été sponsorisé par Crédit suisse, qui ensuite a fait faillite. Je crois qu’il ne faut pas tout mélanger. Je ne suis ni dans le management ni dans le Conseil d’administration. J’ai cru dans le modèle, mais personne ne pouvait s’attendre à une immense arnaque.» Il assure avoir pris connaissance de la crise «en même temps que tout le monde» et a immédiatement demandé à sortir de son rôle d’ambassadeur. Il déposera, avec les autres investisseurs, une plainte pénale.

«Il faut se battre et être solidaires»

Il rappelle que l’entreprise est auditée par PricewaterhouseCoopers, membre du Big Four. Quant au label remis par sa fondation, Bertrand Piccard précise que c’est le modèle et non l’entreprise qui a été labellisé. «Vous pouvez me dire que je n’ai pas vu l’arnaque, mais vous ne pouvez pas dire que je soutiens une escroquerie.»

Bertrand Piccard espère que via la vente d’actifs, les investisseurs pourront récupérer leurs biens. «Je me battrai avec eux jusqu’au bout. Je n’ai pas seulement de l’argent à récupérer, j’ai aussi mon honneur à récupérer. Ce n’est pas très agréable d’être considéré comme celui qui a fait perdre de l’argent à des centaines d’épargnants et de petits investisseurs. Maintenant, il faut se battre et être tous solidaires. Nous sommes très fâchés contre ce qui semble être un escroc qui s’est approprié une partie des biens de l’entreprise.»