Genève

Cette «colline aux pirates» que les festivaliers ne verront pas

05.03.2025 18h35 Julie Zaugg

Colline aux pirates

«La colline aux pirates». C’est le nom de l’évènement qui devait avoir lieu dans le cadre du FIFDH. Une balade de quelques kilomètres dans les hauteurs de Cologny, sur le thème de la criminalité économique, mais qui a été interdit par la commune. Les deux journalistes indépendants, organisateurs de la visite, ont tenu à montrer ce à quoi aurait ressemblé la performance. 

Un peu plus de 6'000 habitants sont recensés à Cologny et 60 adresses de la commune se retrouvent répertoriées dans les Panama Papers. Le tout littéralement concentré sur deux grandes rues. C’est sur la base de ce constat que les journalistes Antoine Harari et Gabriel Tejedor ont construit leur visite guidée, « La colline aux pirates». Une visite pour raconter le crime économique à travers la voix du comédien Sarkis et dont la presse locale a pu avoir un avant-goût. 

Les organisateurs avaient prévu des audio guides, avec anecdotes, interviews et analyses à la clef. Mais rien de tout cela n’aura lieu, l’évènement ayant été interdit par la commune de Cologny. Un recours a été déposé, plaidant la liberté d’expression. «On a de l'autre côté la Genève Internationale, que l'on met souvent en avant. Et de ce côté, une autre Genève, plus financière, une Genève qui se retrouve devant les tribunaux et je pense que c'est une réalité dont doit être informée la population» expose Gabriel Tejedor, journaliste et co-organisateur de l'évènement. 

Balade informative et ludique

De la traite d’êtres humains, au blanchiment d’argent, en passant par le soutien financier à Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine, le pedigree de certains ultra-fortuné est pour le moins gratiné. «L'idée n'est pas de faire un amalgame en disant que toute personne riche à quelque chose à se reprocher, mais par contre c'est vrai que parmi ces ultra-riches et ces oligarques, il y a des personnes qui considèrent régulièrement que les règles et les lois qui nous régissent tous ne s'appliquent pas à eux. C'est aussi cela que l'on souhaite mettre en avant avec ce tour: qu'il y a toute une industrie en Suisse qui est mise en place pour contourner ces règles» précise Antoine Harari, co-organisateur de la ballade. 

Derrière ces haies et ces murs, de grands noms impliqués dans diverses affaires; certaines jugées à Genève, le plus souvent avec une portée internationale. Les organisateurs réfutent l’idée d’une balade moralisatrice ou militante mais souhaitaient une visite à but pédagogique, le tout avec un twist ludique et interactif. «On voulait proposer de créer un crowdfunding pour [Patrick] Drahi, qui est endetté à hauteur de 53 milliards!», lance Sarkis Ohanessian en riant. 

À défaut de la visite de cette colline aux pirates, une soirée-débat sera organisée mercredi 12 mars à la Maison des Associations.