Chauffage à distance: des tubes trop fragiles, des millions de surcoût et des travaux
Pas encore fonctionnelles, et déjà défectueuses. Les conduites des réseaux thermiques structurants (RTS), installées près de l’aéroport, ne sont pas assez solides et doivent être réparées, a appris Léman Bleu. Conséquence: il va falloir ouvrir à nouveau des routes, et ça va coûter des dizaines de millions de francs supplémentaires.
Le chauffage à distance promet d’être formidable. Mais en attendant, il est défectueux. A la jonction autoroutière du Grand-Saconnex et vers le tunnel des Nations, alors que des travaux conséquents viennent de s’achever, il s’avère que les conduites posées mais pas encore en service ne résisteront pas à la pression de l’eau. Celles-ci se déploient depuis la station de pompage GeniLac du Vengeron et doivent alimenter l’aéroport et Meyrin.
Il va donc falloir réparer 2,6 kilomètres de tuyaux, en les renforçant ou en les remplaçant. Ces tronçons problématiques représentent 8% des réseaux thermiques posés à ce jour. À terme, GeniLac totalisera 72,3 kilomètres de conduites, et en 2050, GeniLac et GeniTerre cumuleront 300 kilomètres. Mais pour l’heure, la remise en état de ces 2,6 kilomètres de conduites nécessite de rouvrir certaines chaussées, comme le carrefour Appia, où on s'emploie déjà à changer les tubes.
«À un certain moment, les tests n'étaient pas satisfaisants pour SIG. Par conséquent, nous avons décidé de jouer la sécurité»
Peu bavards, les SIG confirment sans donner de détails: «On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on les renforce il y a à peu près deux ans, explique Isabelle Dupont-Zamperini, porte-parole des SIG. Ces conduites ont été posées avant. Il y a différents tests qui sont faits, des tests qualité tout au long du processus. Et à un certain moment, les tests n'étaient pas satisfaisants pour SIG. Par conséquent, nous avons décidé de jouer la sécurité et de renforcer certaines de ces conduites.»
Selon nos informations, le problème viendrait notamment d’une entreprise sous-traitante française dont le fournisseur fabrique en Tunisie. Expertises faites, les SIG estiment que ces tubes ne tiendront pas sur la durée. Les entreprises prétendent le contraire. Des procédures seraient en cours, les SIG ne se considérant pas responsables.
Le Conseil d’administration vient de débloquer une enveloppe maximale de 80 millions de francs
En attendant une issue favorable et pour éviter des retards, les Services industriels ont déjà cassé la tire-lire pour faire face à ces réparations. S’ils refusent de nous en donner le montant, nos sources assurent que le Conseil d’administration vient de débloquer une enveloppe maximale de 80 millions de francs, qui s’ajoute aux 90 millions de crédit de base. Les SIG espèrent ne pas devoir y puiser l’intégralité de la somme.
Ce qui est sûr en revanche, c’est que des travaux sur l’autoroute sont prévus l’automne prochain. Contacté, l’Office fédéral des routes (Ofrou) tient à faire savoir que ces futurs chantiers ne sont pas de son fait: «Les travaux des SIG seront réalisés sur le périmètre des routes nationales, écrit son porte-parole Olivier Floc’hic. À ce titre, les SIG ont contacté l’Office fédéral des routes début 2025, afin d’obtenir un préavis positif pour les interventions dans la mesure où ces dernières auront possiblement un impact sur le trafic. Ces travaux, bien que situés sur le bandeau autoroutier, ne relèvent pas de la compétence de l’Office fédéral des routes.»
Le raccordement de Genève Aéroport aux RTS pourrait accuser près de deux ans de retard
Après des premiers échanges en décembre 2024, une séance a eu lieu le 18 février avec les SIG, précise Berne, qui a communiqué sa position à Genève le 25 février, puis le 10 mars dernier.
Les SIG avaient profité des travaux à la jonction autoroutière du Grand-Saconnex pour installer les réseaux thermiques structurants. Démarrés en 2018, ils ont été achevés quelques mois avant la mise en service du tunnel des Nations, en mars de l’année dernière.
On croyait ces travaux derrière, les revoici devant. Avec leur cortège d’inconvénients. Selon nos informations, le raccordement de Genève Aéroport aux RTS pourrait accuser près de deux ans de retard.