Cinq ans après les jeux pour personnes handicapées, quel héritage ?
C’était il y a 5 ans. Les National Summer Games, jeux pour personnes avec un handicap mental, se tenaient à Genève. Depuis, le canton a orienté sa politique sur l’inclusion. Mais concrètement, quel héritage reste-t' il de ces jeux ?
C’était fin mai 2018: 1’500 athlètes avec un handicap mental étaient réunis à Genève autour de 13 disciplines, pour les National Summer Games. Un événement inédit à Genève, organisé par Special Olympics. Mais cinq ans et un covid plus tard, le soufflé semble être un peu retombé: «Cela a été un moment extrêmement important pour Genève, puis les clubs ont retrouvé une forme de quotidien qu’il faut réveiller» explique le conseiller d'Etat Thierry Apothéloz.
La prise de conscience s’est donc surtout faite dans les institutions spécialisées suite à ces jeux, comme l’observe Pierre-Jean Clément, membre de Spécial Olympics: «Trajets, Aigues Vertes ou la Sgipa participent désormais à des compétitions. Avant nous ne les voyions pas tellement et aujourd’hui beaucoup plus. Il s’est passé quelque chose ça c’est clair !»
Au niveau des valides
Certains sports aussi se sont aussi développés, comme le bowling: «Cela peut paraitre anodin mais c’est un sport qui demande de la concentration, avec beaucoup de répétitions de lancers. Pour une personne en situation de handicap c’est assez difficile.» Et pourtant…deux joueurs genevois, Eric Droz et Manuel Carou reviennent tout juste des jeux mondiaux de Berlin. Pierre-Jean Clément est aussi entraineur de bowling: «Nous sommes partis nous avec un niveau intermédiaire mais nous avons pu observer un très bon niveau, avec des personnes capables de faire des scores au delà des valides. Et cela permet donc l’inclusion dans des sports même valides.»
Un poste pour plus d'inclusion dans les clubs
Mais au delà du spécialisé, quelle prise de conscience politique ? Pierre-Jean Clément estime que le handicap est le parent pauvre: «Nous avons des aides bien sûr, on est soutenus par le canton mais c’est moins automatique que pour certains sportifs de haut niveau, qui reçoivent des aides plus facilement.»
Pourtant au mois de juin, un pas a été fait. Un poste a été créé, financé par l’Etat, pour l’inclusion dans les milieux sportifs. La future responsable pour l’Etat travaille déjà pour Swiss Olympics. Elle contacte les clubs pour faire de la pédagogie: «Pour être inclusif il faut une volonté. On accompagne les clubs pour casser certaines barrières.» Thierry Apothéloz entend insister sur la mixité dans les clubs existants, plutôt que la création d’entités ad’hoc pour le handicap: «La volonté c’est d’inclure ces personnes dans un dispositif global».
Casser des barrières
Certains clubs sont déjà engagés depuis longtemps dans la démarche. Le Stade Genève a lancé une section pour les jeunes handicapés. Julia De Pietro est professeur de sport. Elle a observé un manque d’offre il y a dix ans, pour les enfants en situation de handicap.» Le groupe est modeste. Mais les jeux genevois en 2018 ont semble-t’il, apporté une ouverture. Julia De Pietro: «On a cassé une barrière. Les bénévoles, coachs, parents, ont eu l’occasion de côtoyer les jeunes. Et j’ai l’impression qu’il y a moins d’appréhension.»
Mais aussi une prise de conscience chez les athlètes valides du Stade Genève: «Cela leur a ouvert les yeux sur la joie de vivre et de faire du sport. Sans toujours se dire « je suis deuxième je suis nul». Non juste, je me bats contre moi-même». Le stade Genève veut poursuivre dans sa lancée avec une compétition le 7 octobre, inclusive et inter cantonale. Les sportifs valides s’adapteront aux règles de Spécial Olypmpics.