Clair-Bois: des parents dénoncent une nouvelle fois des dysfonctionnements
Que se passe-t-il exactement dans les foyers de l’institution Clair-Bois? Depuis plusieurs années, des parents et des employés dénoncent une dégradation des conditions d’accueil des résidents. Leurs besoins fondamentaux ne seraient plus totalement assurés. La direction est ouvertement mise en cause.
Daniel Rabina est résident du foyer Clair-Bois de Pinchat depuis plus de 20 ans. Aux côtés de sa mère, il tient à s’exprimer sur son quotidien: «Le matin et le soir, on ne peut plus sortir comme avant. Ils n’ont pas assez [de personnel]» Isabelle Beaussand, sa maman, renchérit. Avant, ils avaient des soirées, ils allaient au bowling ou au cinéma. Mais maintenant il n’y a plus rien. Il n’y a plus le temps et ni les moyens. »
"Spirale infernale"
Devant la presse ce matin, un groupe de parents partagent ce regard désabusé sur la fondation qui héberge leur enfant, leur frère ou leur soeur depuis parfois des décennies. Certains souhaitent rester anonyme par peur de répercussion sur leur proche, mais tous dénoncent une situation identique: un manque d’écoute des besoins et des envies des résidents, des activités de moins en moins nombreuses, un personnel dévoué, mais mal encadré et des décisions prises verticalement sans connaissance réelle du terrain et des personnes concernées.
«C’est une provocation mais on a tendance à dire que les détenus à champdollon sont mieux traités car ils ont une heure de sortie obligatoire par jour» - Samuel Gaille, frère d'une résidente
Ce constat amer, Samuel Gaille le fait également. Sa sœur fréquente l’institution depuis 50 ans. Depuis l’arrivée de la nouvelle direction, il y a 5 ans, la situation s’est lentement dégradée, dit-il. «La seule sortie c’est d’aller jeter les poubelles à 50 mètres ou de faire une petite promenade sur le chemin Vert [à côté].» Il continue: «J’ai constaté qu’ils sont couchés très très trop. En plein été, vu le manque d’effectifs, ils peuvent être mis au lit à partir de 17 h!»
Un collectif pour trouver des solutions
Le Conseiller national Christian Dandrès souhaite mettre en place un collectif pour porter ces revendications. Une rencontre fin octobre avec des parents et des employés de plusieurs institutions du handicap, a mis en avant des problématiques communes. «Ce sont les personnes parmi les plus fragiles. Comment les prendre en charge et assurer leur dignité? Et cette question vaut aussi pour des personnes plus âgées, en EMS les problèmes sont similaires. Le but, c’est de mettre les gens ensemble pour trouver démocratiquement des solutions.»
Selon les personnes présentes ce matin, il faudrait commencer par réintégrer des parents au Conseil de fondation de Clair-Bois. Les solutions ne sont pas financières, insistent-ils. L’institution est subventionnée par l’Etat à hauteur de 40 millions de francs par an.