Comment les eaux usées d'Annemasse transitent chez nous
Deux épisodes successifs de pollution de l’Arve ont perturbé l’été à Genève. Deux incidents distincts et sans réelle gravité, mais qui ont comme origine le réseau des eaux usées d’Annemasse. Alors y a-t-il un problème chez nos voisins français ? Et comment fonctionne la station d’épuration qui rejette les eaux françaises dans l’Arve?
C’est ici, dans un grand bassin que débouchent les eaux usées de toutes l’agglomération annemassienne. Ici, c’est la station d’épuration Ocybèle de Gaillard. On y traite l’eau sale de quelques 90’000 habitants des communes environnantes.
Comme dans toute installation de ce genre, suisse ou en française, l’eau est d’abord filtrée, dégraissée et dessablée. Puis séparée des boues résiduelles avant de subir un traitement biologique.
30 millions d’euros
Depuis 2018, la station se modernise. 30 millions d’euros sont investis pour rénover et construire des installations de dépollution plus avancées. Comme dans ce bâtiment inauguré il y a 2 ans. « Ce nouveau bâtiment permet d’aller plus loin dans le traitement final de l’eau et par conséquent d’améliorer la qualité de l’Arve », détaille le responsable de l’exploitation, Gaetan Le Mouillour. « Nous avons ici autour de nous, 6 cellules de traitement. Avec un apport d’air, nous créons les conditions idéales pour dégrader l’azote. »
Bactérie fécale Escherichia coli
Cet été, 2 épisodes de pollution successifs ont gâché ces efforts. 2 fois, l’alerte pollution dans l’Arve et le Rhône a été activée. En septembre, c’est une planche qui a bouché le réseau. Mais en juillet, l’incident provenait de la station elle-même. « L’incident est lié à une phase de travaux aujourd’hui terminée. Donc l’incident ne se reproduira pas » insite M. Le Mouillour. « C’est un cas isolé. Nous avons attiré la vigilance de notre maître d’œuvre. »
«Préservons notre Arve»
À la Maison de la pêche, côté suisse, on regarde avec attention ce qui se passe dans l’Arve. Des pêcheurs ont déjà été témoins de panaches de mousses autour de la station.
Des améliorations sont en cours, reconnaissent les milieux de la pêche. Mais les deux épisodes de pollution de l’Arve cet été, ont suscité des inquiétudes. « Le Rhône genevois ne peut plus abriter des poissons comme l’ombre et la truite, car ils aiment l’eau fraiche. Et l’eau fraîche se trouve aujourd’hui dans l’Arve. Alors préservons notre Arve et essayons de ne plus avoir des épisodes comme ceux de l’été 2023. »
À Gaillard, une grande avancée est en marche. D’ici 1 an, le traitement des micro-polluants, pas encore exigés par la réglementation, sera effectifs. Un partenariat transfrontalier avec l’Etat de Genève et les SIG permettra d’éliminer 80 % de ces micro-polluants.