Genève

«Comment pouvons-nous rêver alors que nous dormons autour des poubelles?»

14.03.2024 19h08 Delphine Palma

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Des enfants en situation de rue devant un parterre d’ambassadeurs du monde entier. Ce contraste saisissant, Elia et Ronaldo, deux jeunes qui ont habité dans la rue à Madagascar l’ont vécu ce matin. Grâce à la Fondation Apprentis d'Auteuil, ils sont venus en Suisse pour porter la voix des enfants sans abris devant le Conseil des droits de l’homme. 

Des rues de Madagascar à l’allée des drapeaux de l’ONU, le grand écart est énorme pour Ronaldo et Elia. Ce matin, les deux jeunes Malgaches sont invités au Conseil des droits de l’homme. Ronaldo , va y prendre la parole pour relayer le message préparé avec les enfants restés à Antananarivo, au foyer pour enfants NRJ. 

« Je suis très content, je n’ai pas peur », glisse Ronaldo, serein. « Le but, c’est de pouvoir envoyer tous les enfants à l’école, mais aussi de faire en sorte qu’ils réussissent. »

«Comment pouvons-nous rêver alors que nous dormons autour des poubelles? »

La salle de cette 55e session est bien remplie. Représentants de l’ONU, de l’UNICEF, des Etats prennent successivement la parole pour évoquer l’accès à la protection sociale pour tous les enfants. Puis vient le tour de Ronaldo «Comment pouvons-nous rêver alors que nous dormons autour des poubelles? »

Pour les deux Malgaches, cette prise de parole c’est une grande fierté. Elia et Ronaldo vivent aujourd’hui dans un centre, mais ils ont passé l’essentiel de leur enfance dans la rue. Elia 13 ans, se souvient. « S’il pleut dans la nuit, on ne peut pas dormir. On cherche un endroit où s’abriter. On ne peut pas se changer non plus, car il n’y a pas d’eau pour laver les vêtements. On a toujours les mêmes vêtements sales. Quand on est une fille on est obligée de se coiffer pour ne pas voir que nous sommes filles. Souvent, on se fait abuser par d’autres. » 

Soutien des Etats

Pour la Fondation Apprentis d’Auteuil, à l’origine de cette présence malgaches à Genève, l’enjeu de cette prise de parole est important. Les Etats discutent en ce moment d’une résolution pour renforcer l’accès à la protection sociale pour tous, enfants en situation de rue inclus. À Madagascar, l’Etat est justement très peu engagé sur cette question, détaille Clélia Bringolf. « Le message des enfants comme Ronaldo et Elia est que l’Etat leur donne un soutien inconditionnel qui leur permette d’avoir un logement, de soutenir leurs parents. Et puis, qu’ils puissent aller à l’école et  vivre une vie normale comme les autres enfants.» 

Elia et Ronaldo ont maintenant rendez-vous à Paris pour rencontrer d’autres enfants qui vivent aussi en foyer. Ils rentreront à Madagascar dans une semaine, des souvenirs plein la tête.