Comptes 2024: un excédent de 9,8 millions pour la Ville de Genève
Les comptes de la Ville de Genève affichent un excèdent de 10 millions de francs. Un boni en forte baisse par rapport à 2023 qui atteignait 200 millions. L’exercice 2024 est marqué par une diminution des recettes fiscales issues des entreprises et au contraire par une hausse des revenus issus des impôts des contribuables. Au Conseil municipal, à droite comme à gauche on appelle à la vigilance budgétaire.
Finie l’abondance, retour à la réalité. Les comptes 2024 bouclent sur un modeste excédent de 9,8 millions de francs. Un résultat positif malgré tout, alors que la Ville tablait initialement sur un déficit de 16 millions pour un budget global de 1,4 milliards.
«Il y a eu des déménagements d'un certain nombre d'entreprises»
Les revenus provenant de l’impôt sur les contribuables ont augmenté de 19,7 millions contrairement à celui des entreprises qui affichent une forte baisse de 40,6 millions de francs. Une tendance qui n’inquiète pas le grand argentier de la ville: «Il y a eu des déménagements d'un certain nombre, même temporaire, d'entreprises. Le temps qu'elles soient remplacées par des nouvelles entreprises, cela prend un certain temps, une année ou deux ans. Cette situation va certainement se rétablir dans les années qui viennent», assure Alfonso Gomez.
Les investissements de la Ville restent soutenus, 180 millions de francs et le niveau de la dette a grimpé en 2024 à 1,728 milliard. Un tableau financier qui appelle à la prudence, y compris dans les rangs du Conseil municipal.
La droite plaide pour un coup de frein
À droite, l’appel à la rigueur budgétaire est unanime. «Il faut être très prudent et envisager de freiner cette hausse constante des effectifs, du budget et des dépenses», souligne Daniel Sormanni, conseiller municipal MCG.
Même son de cloche au Centre. «On observe une baisse de 67 millions des recettes liées aux personnes morales. Ces entreprises quittent la Ville. Il faut s’en occuper», avertit Luc Zimmermann.
Le PLR se montre plus critique encore. Michèle Künzler attaque directement Alfonso Gomez, magistrat en charge des finances: «Contrairement à ce qu’il affirme, nous ne revenons pas vers une situation normale. Au contraire, les comptes deviennent problématiques. Cela annonce des temps difficiles pour la Ville.»
La gauche défend les besoins sociaux
À gauche, la lecture diverge. «Les comptes sont bons, juge la Verte Uzma Khamis Vannini. Il faut certes rester prudent, mais les besoins sont considérables, notamment pour l’entretien du patrimoine et les prestations sociales. On ne peut pas continuer à baisser les impôts sans répondre aux attentes de la population.»
À l’extrême gauche, priorité à l’action: «Il est essentiel de répondre à l’urgence sociale autant qu’à l’urgence climatique, même dans un contexte budgétaire contraint», affirme Brigitte Studer (Ensemble à Gauche).
Alfonso Gomez se dit préoccupé par l’impact du ralentissement du commerce international sur les entreprises genevoises. Les baisses fiscales à venir inquiètent aussi le magistrat: après la réduction d’impôt cantonale acceptée en votation, l’initiative de l’UDC «J’y vis, j’y paie», soumise au peuple le 18 mai, pourrait coûter jusqu’à 70 millions de francs à la Ville de Genève.