Contre Tariq Ramadan, le journaliste Ian Hamel condamné en appel
Après un acquittement en première instance, le journaliste du Point est condamné en appel pour diffamation envers Tariq Ramadan, a appris Léman Bleu. L'affaire se poursuivra au Tribunal fédéral.
Tariq Ramadan obtient gain de cause dans le procès qui l’oppose au journaliste Ian Hamel. Au cœur des débats, un article controversé paru dans l'hebdomadaire français Le Point en novembre 2018. Le journaliste, déformant les conclusions d’un rapport du Conseil d'Etat genevois, avait écrit que Tariq Ramadan avait eu des relations sexuelles avec certaines de ses élèves à l'époque où il enseignait à l'école genevoise. Or, ces éléments ne figurent pas dans le rapport.
Après la clémence du Tribunal de police en première instance, autre son de cloche de la Chambre pénale d’appel et de révision de Genève. Léman Bleu a consulté les 41 pages de jugement. Extraits choisis: «Ian Hamel ne pouvait avoir de raisons sérieuses de croire à ce qu’il écrivait», «Il ne pouvait s’affranchir du devoir de prudence, un travail consciencieux consistant, en effet, à lire attentivement le rapport et à le retranscrire fidèlement, sans le déformer.»
«Ian Hamel a trompé le lecteur»
Les conclusions du président Fabrice Roch sont sévères à l’égard du journaliste: «Ian Hamel est allé trop loin. Dans l’impossibilité d’appuyer ses affirmations sur une base suffisante, il devait s’abstenir. À supposer qu’il ait d’abord eu des motifs pour communiquer ainsi, il ne disposait plus, une fois le rapport officiel en main, d’éléments suffisants pour écrire ce qu’il a écrit, de raison sérieuse de tenir ses propos pour vrais.»
La Cour poursuit: «Il a trompé le lecteur, ce qui relève, au-delà de l’aspect pénal, de la faute professionnelle». Elle retient donc l’infraction de diffamation et condamne le journaliste à 90 jours-amende à 40 francs avec sursis. La calomnie est écartée.
«Recours inévitable au Tribunal fédéral»
Les avocats de Tariq Ramadan, Mes Yaël Hayat, Guerric Canonica et Théo Badan réagissent: «Cet arrêt consacre le fait que notre mandant a été diffamé par M. Hamel et pose les jalons des devoirs de tout journaliste sérieux, lesquels ont ici été sacrifiés.»
De son côté, le conseil de Ian Hamel, Me Nicolas Capt, déclare: «Je salue l’acquittement partiel de mon client dont la probité a été reconnue dans une large mesure. Pour le reste et à première vue, un recours au Tribunal fédéral me paraît inévitable; cette démarche sera discutée dans les jours à venir, une fois l’Arrêt examiné en détail.»
Facture salée pour Ian Hamel
En l'état, le journaliste français est condamné à verser 30’500 francs à Tariq Ramadan pour le règlement de ses frais de défense, ainsi que 4’000 frais de frais de procédure en faveur de l’État.
Pour la Cour, demeure un doute quant à la responsabilité du journaliste dans l’écriture du titre et du sous-titre mensongers de l’article. Ian Hamel les attribue à un secrétaire de rédaction. Ainsi, Tariq Ramadan supportera 1/5ème des frais de procédure en faveur de l’État, soit 1’000 francs, et 1/5ème des frais d’avocat de Ian Hamel, soit 8’000 francs.