Courir, «pour oublier que l'on oublie»

À Genève, plus de 8’000 personnes sont atteintes par la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence. La maison Hemma à Bernex accueille des personnes diagnostiquées avant la retraite. La continuité des activités est un maillon essentiel. C’est le cas de Christian, 60 ans, pleinement engagé encore dans la course à pied. 

Christian et son aide-soignant Noredine courent trois fois par semaine: «environ 50 minutes, pour 7-8 km». Christian a reçu un diagnostic d'alzheimer il y a cinq ans. La course à pied a toujours fait partie de sa vie, et ce n'est pas fini. «J'ai toujours aimé la course, et je continue avec les bonnes personnes qui m'entourent» explique Christian. 

Les challenges sont même de taille: fin janvier, il est parti à Marrakech avec toute une équipe pour faire le semi-marathon. Sa famille était aussi du voyage, son fils Mathias notamment: «Je suis heureux de voir qu'il a le sourire quand il court. J'ai pu voir aussi qu'avec la reprise de la course à pied les capacités reviennent, comme le langage par exemple». 

«Maladie poétique»

Maintenir les activités pour les malades est essentiel, comme le confie la directrice d'Alzheimer Genève Sophie Courvoisier: «Il faut continuer à faire les activités que l'on aimait, pour lesquelles on a développé des ressources.» Depuis quelques mois, Christian est accueilli à la maison Hemma à Bernex. Elle se présente comme une grande colocation. Un moyen de soulager les proches tout en stimulant les pensionnaires: «Cette maladie est "poétique". Un jour tout va bien et le lendemain il faut tout recommencer, les proches sont très très fatigués parfois. C'est pour cela que plus on intègre les personnes tôt dans des structures comme la nôtre, plus on soulage les familles» explique la directrice de la maison Hemma Mikaëla Halvarsson. À Genève, 25'000 personnes sont proches-aidantes de personnes touchées par alzheimer.

Pour Christian, les challenges sont encore nombreux car il devrait courir à Milan et Venise cette année. La course, un bon moyen «d'oublier que l'on oublie» comme le précise Mikaëla Halvarsson.