Genève

Crédit Suisse: retour sur la chute d’un empire bancaire

01.09.2023 19h12 Rédaction

Myret Myret

3’000 postes supprimés pour Crédit Suisse suite à son intégration à UBS. Quel est l’impact de cette décision sur Genève? Qu’en est-il du futur de cette banque? La journaliste économique Myret Zaki revient sur la fin du géant bancaire et ses conséquences.

L'avenir de CS est désormais tranché. Le nouveau propriétaire UBS va assimiler dès l'an prochain des activités de son ancienne rivale malheureuse en Suisse. La marque Credit Suisse sera maintenue jusqu'à finalisation de la migration des clients, agendée pour 2025. Mais UBS a identifié dans l'immédiat 1’000 doublons de postes en Suisse liés à l'intégration des activités helvétiques de Credit Suisse et 2000 supplémentaires à venir dans les prochaines années, a indiqué jeudi le directeur général Sergio Ermotti.

«UBS et Crédit Suisse étaient actives dans les mêmes secteurs de la banque de détail en Suisse: guichet, crédit, hypothèque, etc. Et les activités administratives contiennent beaucoup de doublon», décrit Myret Zaki. Selon elle, 1’700 postes sont occupés par des employés UBS et CS à Genève et la moitié pourraient être concernés par les annonces de jeudi.

«On assiste à une énorme braderie de banquiers qui vont parcourir les banques puis sans doute revenir, car UBS va sans doute devoir les réengager», ajoute-t-elle. Mais pourquoi une telle vague de licenciements? «Car une banque doit gagner de l’argent, donc ils vont réduire leur base de coûts pour que les actionnaires soient contents et ils vont devoir faire appel à du nouveau personnel en «front office», qui vend des produits.» 

«L’État est fort quand il s’agit de sauver, pas quand il s’agit de réglementer»

C’est la première fois qu’une aussi grande banque, cotée aux États-Unis et en Suisse, vieille de 250, subit une telle attaque spéculative. «La valeur de Crédit Suisse était devenue négative suite à la chute phénoménale de son cours. On peut voir des marchés spéculatifs qui peuvent abattre une banque. Ce n’est pas bon, ça veut dire que les marchés ont énormément de pouvoir dès que les titres d’une banque sont exposés sur les places les plus spéculatives.»

Les titres de Crédit Suisse n’ont plus de valeur et vont être supprimés. Néanmoins, CS avait un bilan comptable de l’ordre de 30 milliards et UBS pourrait demander des crédits d’impôts, en déduisant les pertes passées de CS de ses bénéfices futurs. «Le contribuable, lui va subir la casse sociale et les reports d’impôts.»

Pour Myret Zaki, il y a un risque systémique, avec une menace d’un nouveau choc. «Et malheureusement, on n’a pas les épaules pour résoudre un problème avec cette UBS. Va-t-elle être responsable ou au contraire, va-t-elle s’exposer aux marchés les plus sensibles? L’État est fort quand il s’agit de sauver, pas quand il s’agit de réglementer. C’est toujours le même problème, que ce soit en 2008 ou en 2023.»