Genève

Crise des médias: «Le journalisme est important en démocratie»

28.08.2024 19h25 Rédaction

amez droz

Les interrogations pleuvent après les annonces de licenciements au sein de l'éditeur de Tamedia. Qui lit encore la presse? Comment les jeunes s’informent-ils? Quelques éléments de réponse avec Philippe Amez-Droz, chargé de cours au sein de l'institut Medialab de l'Université de Genève.

Depuis mardi, nombre de questions se posent sur l’avenir de la presse locale romande. Le modèle de Tamedia, liant rentabilité et journalisme a visiblement montré ses limites. Pour Philippe Amez-Droz, les annonces de mardi ne sont pas réellement une surprise. «C’est une voie assez normale pour un groupe privé de réfléchir à sa pérennité, constate-t-il en rappelant le déclin du papier. La version imprimée de nos journaux quotidiens est condamnée à brève échéance, on parle de 2030-2035».

Les préoccupations de viabilité économique dans le journalisme sont réelles. «On voit bien qu’année après année il y a un appel au secours», analyse le spécialiste des médias. «Je ne crois pas que l’on ait trouvé un modèle économique qui a remplacé la version initiale de vente au lectorat et aux annonceurs», affirme-t-il. 

Déclin papier, explosion numérique

Malgré le déclin du lectorat print, une explosion du lectorat digital se fait sentir. En prenant l’exemple de la Tribune de Genève, Philippe Amez-Droz souligne la nécessité de la Julie pour les Français: «C’est un journal indispensable pour les frontaliers. Le Grand Genève devrait du point de vue digital permettre à la Tribune de Genève d’avoir un avenir».

Pour le chargé de cours à l'UNIGE, il est fondamental de rappeler qu'un contenu journalistique doit être marchandisé, même si le terme fait peur. «Il doit rencontrer une audience, pas forcément bas de gamme. Le Temps, Le Monde, le New York Times sont constamment à la recherche de leurs audiences», argumente-t-il.

Enfin, Philippe Amez-Droz ne perd pas espoir en l'avenir des médias et croit beaucoup en l’information locale et aux contenus régionaux. «La question est de rappeler aux gens que le journalisme est important en démocratie, mérite rémunération et que ceci justifie que l’on paye», conclut-il.