Crue de l’Arve: «La limite pluie/neige à 2’800m a été un facteur aggravant»
Le débit de l’Arve a été alimenté par les fortes précipitations des derniers jours, mais aussi par la fonte des récentes neiges, due au redoux observé. Les explications de Lionel Fontannaz, prévisionniste à MétéoSuisse.
1000 mètres3 par seconde: ce matin, aux alentours de 7h30, l’Arve atteignait son débit record. En cause, une fonte des neiges et des intempéries importantes. «On a vu déjà dans le milieu de la semaine passée que l’on allait avoir une situation de vent d’ouest avec plusieurs perturbations actives qui allaient vraiment frapper les Alpes, explique Lionel Fontannaz de MétéoSuisse Et puis, on voyait deux évènements de précipitation, dont un où la limite pluie/neige allait monter jusqu’à 2’800 mètres. On a eu pas mal de neige la semaine précédente et la fonte de cette neige a mis une lame d’eau supplémentaire dans les rivières et l’Arve.» L’alerte météo a été levée, indique-t-il.
En 2015, la crue avait eu lieu lors du mois de mai, quand les neiges fondent pendant le printemps. À l'automne, une telle situation dépend d'autres facteur: «On a des perturbations actives qui donnent des précipitations abondantes, on a les premières descentes d’air froid, mais il y a encore de l’air chaud d’origine tropicale qui peut être très humide. Dans ces contrastes de températures et d’humidité, on a des perturbations qui peuvent être très actives». Malgré tout, la hausse de la limite des chutes de neige à 2’800 mètres a été «un facteur aggravant».
Vers des saisons froides avec des pluies plus intenses?
Ce phénomène est-il aggravé par le réchauffement climatique? Si de telles précipitations sont normales à l’automne, la hausse des températures moyennes amplifie ce phénomène. «On sait que pour 1°C d’augmentation de température dans l’atmosphère, c’est 7% de vapeur d’eau en plus. Cette vapeur d’eau donne plus de nuages, donc plus de précipitations», détaille Lionel Fontanaz.
Selon lui, les projections montrent des étés plus chauds et plus secs, ainsi qu’une saison froide avec des pluies plus intenses et plus abondantes. «C’est ce que l’on observe en 2023. Il faudra plusieurs années pour confirmer que les projections climatiques sont celles-ci, mais on constate que cela ressemble fortement à ce que montrent ces projections.»