Genève

D’ici 2027, tous les violons de police équipés de caméras

08.05.2024 13h49 Denis PALMA

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Le Conseil d’État genevois annonce l’installation progressive de la vidéosurveillance dans tous les postes de police pour un montant de 5 millions de francs. Concernant les cellules du Vieil Hôtel de Police, un dispositif spécifique est en réflexion.

Les récents décès de deux jeunes de 20 ans dans les cellules du Vieil Hôtel de Police de la Jonction ont relancé le débat sur la vidéosurveillance. À Genève, seuls trois postes de police disposent de caméras dans les violons. Les 20 autres postes de gendarmerie pourraient en être pourvus d’ici 2027. Ces informations ont été communiquées la semaine passée par le Conseil d’État, en réponse aux questions écrites du député PLR Murat Julian Alder. Le coût de l’opération dépasse les cinq millions de francs, selon les estimations de l’État.

Le projet de vidéosurveillance dans les cellules des postes de police existe depuis 2014 à la suite du vote de la nouvelle loi sur la police qui instaure l’utilisation des caméras dans les postes. Dans ses réponses aux questions du député PLR, le Conseil d’État précise l’avancement de cette mise en conformité, qui doit être réalisée lors des travaux de rénovation des infrastructures.  

Des caméras aux postes des Pâquis, de la Servette et Plainpalais

Aujourd’hui, trois postes de police disposent de caméras dans leurs violons: Pâquis, Servette et Plainpalais. À ce stade, le dispositif technique existant enregistre les images, mais ne les diffuse pas sur écran en direct. Les caméras sont installées de sorte à pouvoir filmer toutes les zones de passage du public et des personnes prévenues. Dans les violons, la partie des toilettes est masquée afin de garantir l’intimité des personnes.

Dans les autres postes, cellules et salles d'audition seront, selon le plan du Conseil d’État, équipées d'interrupteurs, afin d’arrêter la prise d'images, lors par exemple d’un entretien entre avocat et prévenu. 

Coût des travaux, 4 millions de francs, annonce le Conseil d’État. Un montant auquel s’ajoutent 740’000 francs d’investissement afin de permettre le stockage des images jusqu’à 100 jours. La maintenance coûtera annuellement 373’000 francs.  

Un dispositif en réflexion au Vieil Hôtel de Police

En parallèle, la question de l’installation de caméras de vidéosurveillance dans les cellules du Vieil Hôtel de Police de la Jonction se pose. Ce bâtiment n’est pas un poste de police comme un autre, mais considéré comme un lieu de détention. Des personnes peuvent y être détenues jusqu’à 48h, contrairement aux violons. 

Faut-il y installer un dispositif à l’aveugle qui enregistre uniquement sans visionnage des images ou les diffuser en direct 7 jours sur 7 sur des écrans? Faut-il installer des caméras dans toutes les cellules? Comment préserver la sphère privée des personnes détenues? Autant de questions que le gouvernement refuse de trancher pour le moment. «Les discussions sont toujours en cours », indique Laurent Paoliello, directeur de la coopération et de la communication au département des institutions et du numérique. Avant de se prononcer, les autorités attendent les conclusions des enquêtes de justice qui devront éclaircir les circonstances des décès des deux jeunes de 20 ans dans les cellules de VHP au début de l’année.       

Sur le plan financier, l’installation de caméras dans les cellules du Vieil Hôtel de Police coûterait 260’000 francs, plus 15’000 francs de maintenance annuelle. Le Conseil d’État prévient:ce dispositif nécessite un personnel dédié capable de visionner en temps réel les images, soit six emplois à temps plein. 

Les cellules du Palais de justice ainsi que celles présentes dans les locaux du Ministère public à Lancy pourraient elles aussi être dotées de caméras de vidéosurveillance. «Des discussions sont également en cours», confirme Laurent Paoliello.