Affaire Fischer: soupçons confirmés et preuves effacées
L’enquête parlementaire sur l’affaire Fischer confirme l’intégralité des révélations de Léman Bleu et dévoile de nouveaux éléments graves, comme l'effacement de preuves.
La députée socialiste Jennifer Conti signe un rapport explosif basé sur l’audition de 27 témoins et de centaines de mails analysés. La sous-commission dresse plusieurs recommandations.
Tous les partis ont approuvé cette enquête, à l’exception des Verts, qui l’ont refusée.
Ce que l’on savait et que le rapport confirme:
- Des ressources publiques ont été utilisées à des fins privées par Fabienne Fischer pour sa campagne électorale.
- Son compagnon et chef de campagne Jean Rossiaud intervenait et donnait des instructions à des fonctionnaires.
- Des mandats ne répondant à aucun besoin public ont été octroyés à des associations proches et à des projets portés par Jean Rossiaud. Le rapport parle de «conflits d’intérêts» et de «subventions déguisées». Malgré les préavis négatifs et documentés de l’administration, la magistrate est passée en force.
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Les nouveaux éléments du rapport:
- Le Conseil d’État a, dans un premier temps, «bloqué» le travail d’enquête de la commission.
- L’ex-conseillère d’État, son compagnon et une retraitée de la fonction publique mise en cause ont refusé de répondre à la commission.
- Des courriels en lien avec l’attribution des deux mandats litigieux ont été placés dans un dossier «Affaires sensibles» après les premières demandes de Léman Bleu. Ce dossier a mystérieusement été «vidé» et aucun e-mail n’a, à ce jour, été retrouvé.
- En août 2023, deux mois après son départ du gouvernement, Fabienne Fischer, alors dans la tourmente, s’est connectée à sa boîte e-mail de l’État pour procéder à des effacement de mails.
- S’agissant de la campagne électorale, l’administration n’a pas fourni tous les documents demandés. De nombreux e-mails en lien avec la campagne ont été retenus. Les fonctionnaires mis en cause choisissaient eux-mêmes, sans surveillance, quels courriels remettre dans le cadre de la requête en transparence.
- En février 2023, les personnes concernées ont été mises en garde contre et les risques encourus en participant à la campagne électorale de Fabienne Fischer. Une alerte concernait aussi l’octroi des mandats litigieux. Ces alertes n’ont pas été écoutées, dit le rapport. Pire, des mails ont été effacés peu après, en mars 2023.
- L’une des employées de l’État, retraitée depuis, ayant participé à la campagne de l’ex-ministre en 2021, puis en 2023, était une amie de la magistrate. Elle a été engagée «en direct», sans annonce d’ouverture de poste. La commission d’enquête parle de «népotisme», se référant à la définition qui figure au lexique de la corruption de Transparency International.
- Une deuxième porte-parole, ancienne journaliste, a été la seule candidate reçue en entretien. Malgré de nombreuses candidatures, aucune analyse des compétences n’a été réalisée, dit le rapport.
- Une collaboratrice personnelle de Fabienne Fischer, présidait l’association ayant reçu une «subvention déguisée» avant de rejoindre l’État.
Fabienne Fischer conteste
«Je considère avoir accompli ma fonction de conseillère d’Etat dans le strict respect des lois, au plus près de ma conscience, avec la dignité et la probité qu’elle exige. En conséquence, je conteste fermement les conclusions de ce rapport.»
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