De Fallières à Macron: ces visites d'Etat, symboles des relations franco-suisses
5 visites d’Etat en 110 ans. Les présidents français n’ont que rarement consenti à une visite protocolaire en Suisse. Ni de Gaulle, ni Giscard, ni Sarkozy n’ont fait de déplacement officiel. Des relations faites de hauts et de bas, mais restées gravées dans la mémoire collective.
La première visite d’Etat d’un président français remonte au mois d’août 1910. Armand Fallières, 8e président de la IIIe République, vient en Suisse à des fins diplomatiques alors que la rivalité avec l’Allemagne préoccupe toute l’Europe. La visite sera jugée cordiale, entre deux «républiques sœurs».
Ensuite plus rien. Pendant 73 ans, aucune visite d’Etat de président français n’est organisée en Suisse. Gilbert Casasus, politologue et spécialiste de l’Europe, souligne une relation très distante. « C’est vrai que curieusement, alors que la Suisse est un pays limitrophe et important pour la France, il y a eu une sorte de retenue, voire même un sentiment d’animosité. Sous le Général de Gaulle, on considérait la Suisse comme un pays un peu à part, avec des images parfois assez négatives ou caricaturales. »
L’âge d’or: Mitterand-Ogi
Il faut attendre 1983, et un certain François Mitterand pour entendre à nouveau la Marseillaise sur la place fédérale. C’est l’âge d’or des relations entre les deux pays. Mitterand ne fera qu’une seule visite d’Etat en Suisse mais s’y rendra 8 fois pendant ses 14 ans de présidence. Des années marquées par une relation privilégiée entre le Français et le Conseiller fédéral Adolf Ogi.
Protocole bousculé
1998, Jacques Chirac débarque à son tour sous les drapeaux du Palais fédéral. Après Berne, direction le Tessin puis Zurich. Un programme au pas de course réglé au cordeau, mais bousculé par Jacques Chirac à la dernière minute.
En dent de scie
Après l’âge d’or vient la brouille. L’ère Sarkozy est marquée par des relations conflictuelles sur fond de secret bancaire helvétique. Le président Hollande ne viendra en visite d’Etat qu’en 2015, 17 ans après Chirac.
Cette relation est marquée par des hauts et des bas, donc. C’est le cas aussi pour la visite d’aujourd’hui, analyse Gilbert Casasus. «Nous revenons d’une période difficile avec ce double uppercut de la Suisse à la France: le non à l’accord-cadre et à l’achat des Rafales au profit d’avions américains. Mais après avoir vécu une période d’eau basse, nous sommes en train de remonter le courant et de rétablir des relations. »
Le temps nous dira ce qu’il restera de cette visite d’Etat d’Emmanuel Macron. La 5e en 113 ans de relations entre les deux Etats modernes.