Débat: faut-il inscrire le Cé qu'è lainô dans la constitution?
Au même titre que les armoiries du canton et sa devise, l’UDC veut inscrire le chant comme hymne dans la constitution. Les députés Charles Poncet (UDC) et Julien Nicolet-dit-Félix (Les Verts) en débattent.
Fin 2022, Sylvain Thévoz écrit une question urgente au Conseil d’État. Le député PS demande si l’exécutif «envisage d’adapter le Cé qu’è laino pour le rendre compatible avec la laïcité». L’élu de gauche pointe «un texte sanguinaire et théologique à la gloire de dieu». «Nier cette histoire, en censurer une partie ou la réécrire selon les tendances du temps présent revient à oublier», avait répondu le Conseil d’État.
Quelques mois plus tard, le député UDC Stéphane Florey a présenté un projet de loi constitutionnelle pour inscrire le chant comme hymne officiel. Une proposition acceptée par le parlement à 53 oui contre 29 non. Le peuple se prononcera le 3 mars prochain sur cette modification de la constitution.
«On confond la constitution avec le Guide du routard»
«Dans la vague de wokisme qui submerge nos sociétés est rapidement apparue l’idée que le Cé qu’è lainô, qui raconte une victoire militaire, devrait être remanié, repris, changé, tacle Charles Poncet, député UDC. La réaction a été de l’inscrire dans la constitution.» En face, le député Les Verts Julien Nicolet-dit-Félix préconise le “non”. «C’est une réaction de susceptibilité, d’orgueil, d’un parti qui s’est estimé attaqué. La réponse est disproportionnée, on confond la constitution avec le Guide du routard qui fait la liste des particularités de tous les pays.»
«Ce n’est rien d’autre que l’expression de l’âme d’une civilisation»
«Je vis très mal cette description d’un folklore genevois qui serait mis dans la constitution. Le folklore, ce n’est rien d’autre que l’expression de l’âme d’une civilisation. Exprimer cette âme genevoise, cette célébration d’une indépendance conquise et défendue, c’est une très belle chose», lui répond Charles Poncet. «La question n’est pas de savoir si l’on aime le Cé qu’è lainô ou non, mais de savoir ce que l’on doit mettre dans notre constitution», réagit Julien Nicolet-dit-Félix. Le député rappelle qu’une proposition a été refusée par le parlement pour que le chant soit introduit dans une loi.
«Personne ne songe à supprimer le Cé qu’é lainô. Ça fait partie du patrimoine immatériel du canton de Genève, alors pourquoi ne pas proposer à l’UNESCO», ajoute l’élu de gauche. Un discours que refuse d’entendre le député Poncet, qui voit dans l’intervention de Sylvain Thévoz «une tendance minoritaire à faire de l’hymne genevois quelque chose qui ne soit pas folklorique». Le peuple aura le dernier mot le 3 mars prochain.