Genève

Débat: l’État doit-il financer la presse?

12.11.2024 19h32 Rédaction

Quel avenir pour la presse régionale? L’État doit-il intervenir pour sauver nos journaux? Philippe Bach, rédacteur en chef du Courrier, croise le fer avec Jonas Follonier, rédacteur en chef du Regard libre et correspondant parlementaire à L’Agefi.

La survie de la presse régionale écrite est menacée, estimait lundi Le Courrier lors d’une conférence de presse. Pour le quotidien genevois, il est urgent d'agir et de trouver des solutions de soutien afin de préserver une information plurielle et empêcher la formation d'un désert journalistique. Le Courrier organise mercredi une soirée pour discuter de potentielles mesures de soutien à la presse, avec la présence de la présidente du gouvernement genevois Nathalie Fontanet. «L’idée est d’ouvrir le débat, de voir s’il y a un front commun», explique Philippe Bach, rédacteur en chef du titre, qui se positionne pour les aides directes à la presse.

Un discours que n’entend pas Jonas Follonier: «On est ici avec des vêtements, c’est très important pour vivre et pourtant ce n’est pas un secteur subventionné. Il faut se poser la question pourquoi est-ce que l’on soutiendrait un secteur économique plus qu’un autre.» Le correspondant au Palais fédéral pointe les dangers que pourraient poser ces aides, notamment à cause de la dépendance des médias.

«Il y a urgence»

Philippe Bach rappelle que son journal est dépendant de ses lecteurs à 80%. Dans le même temps, il décrit la crise du secteur des médias, avec les restructurations au sein des rédactions et la disparition de nombreux titres. «Il y a urgence», ajoute-t-il. 

Interrogé sur le soutien financier des pages climat par les services d’Alfonso Gomez. Est-ce une ingérence? «Ça vient de démarrer, il faudrait peut-être essayer sur la durée. On a une autre expérience avec la Ville sur les pays du Sud et les questions de développement. On a ce partenariat depuis 20 ans au moins et il n’y a pas eu d’ingérence notable sur ces questions. Cela se passe par un sas, qui est la Fédération genevoise de coopération.»

Des aides indirectes à la presse réévaluées?

Pour Jonas Follonier, cette démarche est surprenante de la part du Courrier, ayant à la fois une ligne éditoriale précise, mais sollicitant l’aide de l’État ici. «Le pavé que l’on jette dans la marre, ce n’est pas pour nous uniquement. On est très inquiets de l’État de la presse suisse. Le problème de la déshérence médiatique est global (…) et il y a vraiment un danger pour la démocratie», lui répond Philippe Bach. Ce dernier fait le parallèle avec les aides à l’agriculture, «qui ne choquent personne».

Le rédacteur en chef du Courrier ajoute que les médias payent le mythe de la gratuité, avec de «mauvaises attitudes qui ont été inculquées à la population», bien que les mentalités changent. Jonas Follonier appelle, lui, les médias à innover. Enfin, pas fermé à l’idée d’une aide indirecte à la presse, il souhaite une réduction des distorsions entre les journaux sur ce point.