Genève

Débat: l'occupation de l'UNIGE est-elle légitime?

07.05.2024 19h27 Rédaction

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Deux avis tranchés, autour de l'occupation de l'Université de Genève. D'un côté, «il faut saluer l'occupation, un mouvement démocratique». De l'autre, «la prise en otage de notre université ne vise pas à encourager un dialogue constructif». Débat.

États-Unis, France, Suisse et, ce mardi, l'EPFL et l'Université de Genève. La vague des occupations de bâtiments universitaires demande aujourd'hui aux différents rectorats de se positionner sur le conflit à Gaza. À l'UNIGE, drapeaux palestiniens et slogans contre l'État d'Israël ont été brandis. 

Pour le député socialiste Sylvain Thévoz, l'occupation ce jour d'Uni Mail est légitime. «Il faut saluer l’occupation. C’est un mouvement démocratique avec des jeunes qui se mobilisent et s’engagent face à un massacre qui touches des communautés», indique-t-il.

Face à lui, le secrétaire général de la CICAD Johanne Gurfinkiel entame une analyse différente: «La prise en otage de notre université ne vise pas à encourager un dialogue constructif qui va dans le sens de la paix».

Banderole polémique

Symbole de la divergence, une banderole mentionnant «de la rivière à la mer» sème la discorde. Il n’y a pas d’ambiguïté dans le message, estime Johane Gurfinkiel qui souligne que ces mêmes termes font l’objet de condamnations diverses à travers le monde entier. Le membre de la CICAD constate une «attitude vindicative» renforçant un «climat délétère». Il perçoit ce message comme un appel à l’éradication de l'État d'Israël et de sa population.

Le député du parti socialiste ne voit pas le message de cette banderole du même œil. «C’est un appel à un État qui peut être confédéral, sous de multiples formes. Il ne faut pas faire dire aux banderoles ce qu’elles ne disent pas [...] S’ils veulent dire "l’Etat d’Israël ne doit pas exister, il faut mettre les Juifs à la mer", il faut le condamner. Mais il ne faut pas condamner tout le monde», précise-t-il.

Désaccord profond

Avec cette occupation, Sylvain Thévoz déplore une confusion généralisée et ne voit aucune «prise d'otage». «C'est comme si l’histoire de ce conflit avait débuté le 7 octobre 2023. On le sait, c’est faux. Cela fait depuis 70 ans qu’il y a une colonisation, une volonté de mettre à bas un peuple. Il faut prendre de la perspective» recommande le député qui tient à rappeler que l'action en cours à Uni Mail est en accord avec la charte de l’occupation.

Pour Johane Gurfinkiel, les faits démontrent le contraire. «Des enseignants me disent "j’ai l’impression de me retrouver à Gaza"», lance le secrétaire général de la CICAD. Il déplore que «certains élus aient pris le pas d’encourager ce genre de mouvement». 

La préoccupation de la CICAD est claire: «Il ne faut pas que les concitoyens suisses de confession juive ne soient pas confrontés à une situation telle, qu’ils ne se sentent plus en sécurité que cette situation génère de la peur».

Enfin, Sylvain Thévoz livre sa version de l'enjeu de cette occupation: «le vrai enjeu c’est l'expression démocratique ou son verrouillage. Il faut sanctionner les dérapages».