Décès dans les violons d’un poste de police: une enquête indépendante exigée
La mort à quelques semaines d’intervalle de deux jeunes dans les cellules du poste de police de Carl Vogt suscite l’émoi et la colère à Genève: Après une manifestation organisée samedi devant le vieil Hôtel de police, députés et Ligue suisse des Droits humains remettent en cause la surveillance des violons de la police. Explications.
Jeudi matin, une jeune femme de 21 ans est retrouvée morte dans une cellule, appelée violon, au vieil Hôtel de police de Carl-Vogt (VHP). Elle avait été interpellée la veille pour vol. Que s’est-il passé cette nuit-là? Comment a-t-elle pu mourir sans que les policiers présents ne s’en rendent compte?
À ce stade, aucune information ne filtre. Une enquête du Ministère public a été ouverte. Le journal Le Temps évoque des problèmes de toxicomanie. La jeune femme aurait même consulté un médecin. Une autre enquête est en cours concernant un jeune de 20 ans qui lui aussi est décédé dans ces mêmes violons début janvier.
Des décès qui interpellent la députée verte Dilara Bayrak: «Il faut savoir ce qui a causé le décès de ces personnes, d’autant plus en étant jeunes et sous la responsabilité de l’État. En détention préventive, les personnes ont le droit de faire appel à un médecin. Était-ce le cas?» questionne l’élue. «S’est-elle suicidée? Nous n’avons aucune information. À ce stade, il est impossible d’exclure un quelconque dysfonctionnement», estime l’écologiste.
Car l’affaire a vite pris une tournure politique : aujourd’hui la commission des visiteurs du Grand Conseil, qui exprime dans un communiqué sa «vive préoccupation», indique avoir effectué une visite inopinée dans les violons de l’Hôtel de police samedi dans la soirée.
«Nous demandons la mise en place d’une enquête indépendante impartiale»
De son côté, la Ligue suisse des Droits de l’homme parle aujourd’hui de négligence et de graves dysfonctionnements. Un courrier a été envoyé à la magistrate Carole-Anne Kast. «Nous demandons la mise en place d’une enquête indépendante impartiale qui ne peut pas être l’enquête diligentée par le Ministère public, indique Marc Morel, coprésident de la section genevoise de la Ligue suisse des Droits humains. Elle aura pour but de faire la lumière à la fois sur les circonstances de ces deux décès mais également sur les conditions de détention qui prévalent au vieil Hôtel de police de Carl-Vogt. Nous demandons aussi la fermeture immédiate des violons de ce poste de police dans l’attente des conclusions de l’enquête.»
Selon nos informations, depuis 2016, ces deux décès sont les seuls à s’être produits dans les cellules du vieil Hôtel de police de Carl-Vogt.