Genève

Des missionnaires ont aidé des familles juives à passer la frontière

05.05.2023 19h01 Lucie Hainaut

Saint-François Saint-François

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des missionnaires ont sauvé plusieurs centaines de Juifs en leur permettant de franchir la frontière suisse, entre Ville-la-Grand et Presinge. Aujourd’hui, une association inaugure un parcours mémoriel pour se souvenir de ce pan d’histoire qui s’est déroulé tout près de chez nous. 

«Le frère Raymond était posté à l’étage, à sa fenêtre. Il faisait signe, un signe tout simple: il abaissait son béret». Cette histoire, Guénaël Morio, le directeur de l’établissement scolaire Saint-François à Ville-la-Grand, la connaît par cœur: c’est celle des missionnaires de l’école. Ils ont fait passer des familles juives de la France vers la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Il continue: «Le frère Raymond faisait signe parce que la patrouille allemande poursuivait sa ronde. Pendant deux minutes, cet espace-là était à l’abri de leurs regards, et le père Pernoud pouvait faire passer les familles par-dessus le mur». En effet, l’établissement Saint-François est à la frontière avec la Suisse. Grâce à cet emplacement privilégié, les missionnaires pouvaient aider les familles à s’enfuir en escaladant une échelle.

«On n’est pas une école comme les autres»

Pour mettre en valeur ces événements, l’école inaugure un parcours mémoriel autour du mur. Les élèves participent activement à l’événement: «On n’est pas une école comme les autres, parce qu’il y a une trace d’histoire ici. Je pense que c’est grâce à cette cérémonie que la plupart d’entre-nous avons pu nous en rendre compte» confie Viviana Rosca, une élève de l’établissement.

«Pour les élèves, c’est beaucoup plus tangible»

Pour les professeurs, convoquer ces événements historiques permet de faciliter l’enseignement, et de rendre la Seconde Guerre mondiale plus concrète pour les élèves: «On a une chance particulière, c’est un privilège d’avoir une histoire aussi parlante dans ces murs et pour les élèves, c’est beaucoup plus tangible que de l’évoquer dans les livres» se réjouit Nadia Mugnier, enseignante d’histoire-géo. Elle ajoute: «Les élèves sont très heureux de pouvoir partager cette histoire, et puis ça leur permet aujourd’hui de développer la notion d’engagement et de comprendre ce qu’était la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale».

Avec ce parcours mémoriel, l’école espère mettre en lumière son histoire, et rendre hommage aux Résistants qui ont permis à plus de 2000 Juifs de s’enfuir vers la Suisse.