Genève

Des opposants russes manifestent à Genève contre le régime Poutine

17.11.2024 18h37 Rafael Pacheco / ATS

SWITZERLAND RUSSIA OPPOSITION PROTEST

Pour marquer les 1000 jours de la guerre d'agression russe en Ukraine, près d'une cinquantaine de Russes de l'étranger ont manifesté dimanche à Genève sur la Place des Nations contre le régime du président Poutine. Comme dans d'autres villes d'Europe ce week-end, ils ont exigé la fin immédiate du conflit.

"Dites non à la guerre", "Les manuscrits ne brûlent pas", Stop Poutine" pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants. Une cinquantaine d'opposants au régime du maître du Kremlin étaient déjà descendus dans la rue samedi à Zurich.

Discours en russe, performance dansante ont accompagné l'événement. Parmi les revendications de la cinquantaine de participants, selon un décompte de Keystone-ATS, la démission de Poutine et son jugement pour crimes de guerre, le retrait des troupes russes d'Ukraine, le paiement de réparations à l'Ukraine et la libération des prisonniers politiques en Russie.

Cette manifestation était organisée par "La Russie du Futur - Suisse", une communauté de Russes et de résidents russophones de Suisse. Elle faisait écho à la grande marche organisée dimanche à Berlin avec les opposants russes en exil. dont la veuve d'Alexei Navalny. Ces personnalités espèrent donner un nouvel élan à l'opposition russe en exil, actuellement divisée.

Plus d'un millier à Berlin

Ils étaient au moins un millier de partisans à avoir répondu à l'appel à Berlin. Cette marche protestataire, qui a valeur de test pour les opposants russes, s'est élancée aux cris de "Non à la guerre", "la Russie sans Poutine" ou "la Russie sera libre", ont constaté des journalistes de l'AFP.

La marche de Berlin, ville qui accueille foule d'exilés et d'opposants russes, prévoit de finir devant l'ambassade russe. Les organisateurs ont estimé jusqu'à 2000 le nombre de participants qui défilent sous un ciel menaçant.

L'opposition, qui a perdu en février sa figure de proue, Alexeï Navalny, mort dans des circonstances troubles en prison, est privée de moyens d'agir en Russie et donc forcée de relancer le mouvement depuis l'étranger.

Ioulia Navalnaïa, le veuve de Navalny, et des alliés de ce dernier mènent le cortège avec les autres initiateurs de la mobilisation: Ilia Iachine, ex-député municipal moscovite récemment libéré de prison et Vladimir Kara-Mourza, critique de longue date du Kremlin qui a survécu à la prison et à deux tentatives d'empoisonnement.

Le pouvoir russe a méthodiquement éradiqué toute contestation ces dernières années, jetant des centaines, voire des milliers de personnes derrière les barreaux et rendant impossible toute action de protestation.

Le mouvement anti-Poutine est aussi affaibli par de lourdes divisions et luttes internes entre ses représentants.

"Consolider" l'opposition

Les derniers grands rassemblements de partisans de l'opposition en Russie avaient réuni spontanément plusieurs milliers de personnes, malgré les risques, lors des funérailles de Navalny en mars 2024 et au tout début de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Des dizaines de milliers de Russes avaient aussi protesté en janvier 2021 dans de nombreuses villes du pays après l'arrestation d'Alexeï Navalny à son retour en Russie. Ces manifestations avaient été dispersées par la police et avaient mené à des milliers d'interpellations.

Or, depuis la mort du charismatique militant anticorruption, son mouvement peine à raviver la flamme de la lutte contre le pouvoir russe. Illustrant ces difficultés, Ioulia Navalnaïa a admis lors d'un entretien avec la télévision d'opposition Dojd mercredi ne pas avoir de "plan" pour parvenir à la chute de Vladimir Poutine et à l'arrêt de la guerre.

Ioulia Navalnaïa, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza, manifestant ensemble à Berlin, espèrent afficher une unité, et mobiliser le vivier des dizaines de milliers de Russes ayant quitté leur pays depuis 2022, notamment pour échapper à la mobilisation militaire.

"Il est très important de montrer que nous pouvons travailler ensemble et de consolider les diverses forces du mouvement anti-guerre russe", insistait Vladimir Kara-Mourza, à l'antenne de Dojd début novembre.

Le Kremlin a lui d'ores et déjà balayé comme insignifiante cette initiative. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a moqué mercredi des opposants "monstrueusement détachés de leur pays" et dont "l'opinion n'a aucune importance".