Diego Esteban, voix libre
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Il est le plus jeune président de l’histoire du Grand Conseil genevois. Diego Esteban a connu une ascension politique fulgurante, sans pour autant sacrifier sa vie personnelle.
Vendredi 10 décembre, 18h30, c’est la fin d’une longue plénière au Grand conseil. La cloche est sonnée par Diego Esteban, 27 ans, en poste depuis quelques mois. «C’est quelque chose d’assez surréaliste de se dire que c’est moi qui dois remplir ces chaussures», commente-t-il après la séance. Malgré quelques vagues, ses collègues de groupe et d’opposition sont satisfaits du travail du plus jeune président du Grand Conseil. «Il accomplit cette tâche avec maturité», salue Vincent Subillia, PLR.
Diego Esteban a eu une ascension rapide. En 2012, il s’intéresse à la politique et participe à la création du parlement des jeunes. Un an après, il rentre au Parti socialiste. Fils d’une mère britannique et d’un père cubain, mais né à Genève, il est naturalisé en 2015. Élu député en 2018, il se fait peu à peu une place au sein du groupe de gauche. Au point d’être élu à la présidence en mai dernier. «Cette année, je me mets beaucoup plus en avant comme défenseur des règles qui permettent au parlement de fonctionner», assure le jeune homme.
«Les mots justes»
À l’écouter, cette progression politique ne s’est pas faite au détriment de sa vie privée. Alors, pour se changer les idées, il donne de la voix… au karaoké. Dans un local à Carouge, nous le retrouvons quelques heures après la fin des débats. «En politique, on s’exprime beaucoup et moi, en tant que président du Grand conseil, je ne participe pas aux débats et je m’auto-censure. Alors c’est un bon moyen de compresser», glisse entre deux chansons celui qui a fait de la trompette pendant une décennie. Dans la salle, la benjamine du parlement, Dilara Bayrak, ainsi que le député supplément Nicolas Clémence se passent le micro tour-à-tour. «C’est sympa de voir qu’il garde des distractions malgré sa fonction», commente le jeune élu PS.
Mais il n’y a pas qu’ici que Diego Esteban exprime ses talents d’orateur. Dimanche 12 décembre, Servette FC reçoit le FC Bâle. La rencontre est commentée sur Ge-Sport. Le premier citoyen du canton prend le micro lors de la seconde période, quelques minutes après une cérémonie de l’Escalade. Avec lui, le jeune Julien Trébert se dit, face à notre caméra, «honoré de l’avoir dans l’équipe. Il apporte énormément, nous aide à progresser et trouve toujours les mots justes.» Sa présence, un but politique? Esteban dément, lui qui déroule hors micro ses connaissances du championnat et assure «être abonné en tribune nord». Une mi-temps plus tard, Servette ne s’impose pas. 90e minute, mais pas pour le premier citoyen du canton. S’il assure ne pas vouloir viser plus haut en politique, la fin de son match est loin d’être sifflée.