Du répit octroyé aux marronniers de Genthod

Au Parc Lullin, un projet d'abattage prévu en janvier 2024 prévoyait la coupe de 42 arbres dont 14 grands marronniers, centenaires pour certains. L'OCAN a revu à la baisse le projet, après l'inquiétude des habitants. Le Conseil d'État doit encore se prononcer sur une pétition. 

Les Gentousiens ne se sont pas laissé abattre et «leurs» marronniers sont toujours debout. Si l'Office cantonal de l'agriculture et de la nature (OCAN) prévoyait d’abattre 42 arbres à Genthod en ce début d’année, dans un travail de gestion forestière, les oppositions ont donné un sursis à ces essences.

Tout commence l'été dernier. Rachael Reilly, habituelle usagère du parc, aperçoit un marquage d'arbre sur plusieurs spécimens. Après discussion avec l'employé de l'OCAN, on l'informe de la gestion forestière de la parcelle et du futur abattage de plusieurs arbres. Un collectif de sauvegarde du parc se créé et la Gentousienne lance alors une pétition en ligne équivoque: «Non à l'abattage des arbres au Parc Lullin!». 

Au vu du caractère urbain de la parcelle et de la levée de boucliers, l’OCAN a organisé une session publique extraordinaire en septembre 2023 pour expliquer sa démarche. Une semaine plus tard, la requête du permis de coupe est officiellement formulée. Remarques et oppositions ont alors été formulées. En même temps, la pétition pour la sauvegarde de ces arbres aboutissait.

La population entendue et soutenue

En ce début d’année, pétitionnaires et canton sont ainsi écoutés par la Commission des pétitions du Grand Conseil. Les députés ont massivement soutenus la pétition et l’ont renvoyé au Conseil d’Etat.

L’OCAN a quant à lui présenté un projet remanié avec des coupes revues à la baisse. Au lieu des 42 arbres prévus dont une quinzaine de gros marronniers, l’OCAN prend en compte l’avis de la population. 29 essences (-30%) restent finalement dans le projet de coupe. Sur les 14 grands marronniers ciblés, seuls deux sont retenus pour l’abattage (-85%).

Rachael Reilly se réjouit de voir encore ces marronniers se dresser devant elle et encense le second projet de l'OCAN, ainsi que le large soutien de la commission du Grand Conseil.

Une gestion forestière à élaguer?

Stéphane Conus, conseiller municipal à Versoix (Les Vert-e-s) et membre du collectif de la sauvegarde des arbres du Parc Lullin, rappelle que «sans cette pétition, les 14 marronniers et autres arbres prévus auraient déjà été abattus». Il s'interroge sur les règlements qui régissent les gestions forestières à Genève. «Les règlements sur lesquels se basent les services cantonaux devraient être revus et remaniés en fonction des problématiques actuelles», lance le conseiller municipal.

De son côté, le Département du territoire ne partage pas le même avis. Il souligne la concertation mise en place avec la population: «L’allégation selon laquelle c’est la pétition qui est responsable du compromis est fausse. Le DT a mené depuis septembre 2023 un important travail d’information et de visites de terrain à destination de la population. Exceptionnellement, la requête du projet de permis de coupe a été publiée dans la FAO afin d’offrir à toutes les personnes intéressées la possibilité de formuler des remarques. Par cette démarche de concertation, l'analyse de la situation a été complétée, afin de lui permettre de prendre une décision avec le maximum d'informations.

La recherche de l'avis des usagers est indispensable dans ce type de situation, car si les questions de sécurité, de dynamique de croissance des arbres et de biodiversité relèvent des compétences techniques et scientifiques des spécialistes de la forêt, le paysage et la valeur d'usage d'une forêt ne peuvent être caractérisés qu'au travers du ressenti des usagers. C’est donc bien le DT qui a ouvert de son propre chef le dialogue et qui l’a maintenu tout au long de ces derniers mois», indique la Secrétaire générale adjointe du DT.

L’épilogue autour de ce projet d’abattage fleurira ce printemps. Le Conseil d’État rendra sa réponse à la pétition, ces prochaines semaines.