Genève

Eau polluée: pour le gouvernement, la communication est à revoir

02.10.2024 17h46 Julie Zaugg

communication CE

Le Conseil d’Etat s’exprimait mercredi pour la première fois depuis la cacophonie provoquée ce week-end par la rupture d’une conduite d’eau. Les magistrats reconnaissent des couacs de communication et veulent tirer les enseignements de cette situation. Or, le gouvernement estime que la communication des informations n’était pas de son ressort, alors que plusieurs magistrats communaux ont fustigé la passivité du canton.

Lundi, sur notre antenne, le maire de Thônex ne cachait pas son mécontentement. «On a senti une sorte de mépris pour les acteurs communaux qui ont passé tout l'après-midi [de dimanche] à attendre des consignes!» lançait alors Bruno Da Silva.

Ce mercredi, le Conseil d’Etat a convoqué un point presse pour parler de l’affaire. Si du côté opérationnel tout a bien fonctionné et la fuite a été colmatée rapidement, le gouvernement admet un dysfonctionnement au niveau de la communication. Pour lui, les mesures sanitaires et les informations relatives à cette eau potentiellement contaminée sont arrivées trop tard.

«Du moment que l'on a constaté qu'il y avait un contact d'eau potable avec de l'air, on aurait tout de suite dû largement diffuser qu'il ne fallait pas boire l'eau par mesure de précaution. Ces 3-4 heures, c'était trop long» reconnaît le conseiller d'État en charge du territoire, Antonio Hodgers. De leur côté, les SIG ont reconnu une erreur de communication ces derniers jours. 

Analyse globale de la situation

Le cas de la notification d’Alertswiss a aussi été abordé lors de cette séance. Alarmiste, elle demandait à la population de ne pas laisser l’eau entrer en contact avec la peau: une fausse information. Il s’avère que le couac émane de la CECAL, pour Centrale d’engagement, de coordination et d’alarme. Soit, dans ce cas-ci, la police cantonale. Conseillère d’Etat en charge de la sécurité, Carole-Ann Kast était absente du point presse. Nous n’avons donc pas pu lui poser de question à ce sujet. 

Afin d’éviter que ces erreurs se reproduisent, une analyse complète de la situation sera réalisée prochainement. «Pour cela il faut que l'ensemble des services qui sont intervenus nous fassent un retour d'expérience. Cela nous permettra de revoir les règlements et voir comment améliorer ces cas» expose la présidente du gouvernement, Nathalie Fontanet. 

La communication? Pas le rôle de l'Etat ici

Cela dit, le conseiller d’Etat Antonio Hodgers estime qu’il n’est pas du rôle de l’Etat de prendre la main sur la communication dans ces cas-là, car il ne s’agit pas de « politiser les gestions de crise » selon lui. «Laissons faire d'abord les profesionnels: il fallait colmater la fuite, alimenter en eau potable toutes les populations touchées, gérer les enjeux sanitaires éventuels de cette crise. Puis ensuite vient le blabla politique. (...) Maintenant on peut prendre le temps de voir ce qui a marché, a moins bien marché, etc.. » nous dit-il.  

Face au désarroi des élus dans les communes touchées, le Conseil d’Etat entend rectifier le tir et souhaite à l’avenir «une meilleure association des magistrats communaux».

Plus de peur que de mal dans cette affaire. Les échantillons d’eau réalisés n’ont pas démontré de contamination à ce jour. La cause de la rupture de la conduite, elle, demeure inconnue.