Genève

Éditorial - «Christian Brunier a menti aux Genevois»

18.04.2024 19h03 Jérémy Seydoux

Dans son éditorial, notre rédacteur en chef Jérémy Seydoux revient sur les rebondissements dans l’affaire de surfacturations SIG révélés par Léman Bleu et la Tribune de Genève.

Le directeur des SIG a menti aux Genevois, les yeux dans les yeux, en direct à la télévision. À plusieurs reprises, il a juré sur ce plateau ne pas être au courant des surfacturations pratiquées par sa régie. Il annonçait même dans la foulée lancer une enquête pour faire toute la lumière. On entendait déjà poindre le refrain: «c’est pas moi, c’est plus bas.»

On constate aujourd’hui qu’il n’y aura pas besoin d’aller chercher très loin, ni même très bas. Tout est soigneusement rangé dans la boîte e-mail du directeur. 

Christian Brunier était alerté dès 2018 de ces pratiques, de façon répétée. Le président du Conseil d’administration de l’époque également: les e-mails sont clairs, documentés, chiffrés, nets, sans appel.

Le lanceur d’alerte, un haut cadre de la régie, c’est pas n’importe qui, n’a pas été écouté. Les dirigeants des SIG ont agi contre l’intérêt des Genevois en connaissance de cause. 

Après tout, 22 millions, c’est un détail, quand on nage dans les milliards.

Or, être au courant de pratiques illégales, fermer les yeux, continuer à faire fausse route, enfumer tout le monde et freiner des enquêtes, ça risque surtout d’intéresser la justice.

Quand on est à la tête d’un monopole d’Etat et que nos clients sont en réalité nos propriétaires, les contribuables, on se comporte différemment. Avec un salaire faramineux de 370’000 francs par an, Christian Brunier n’a pas été à la hauteur. 

Une position d’autant plus décevante pour quelqu’un a priori attaché aux services publics. Avant d’occuper ce poste, Christian Brunier a quand même présidé le parti socialiste, et a été député de cette République. 

Pourquoi ces mensonges? Où est parti l’argent? Est-on sûr de payer le juste prix? Y’a-t-il d’autres dysfonctionnements? Il n’y a désormais plus aucun tabou qui empêcherait que les Genevois se posent légitimement ces questions, tant on s’est moqué d’eux.

On souhaite aux SIG de reprendre le chemin de la transparence. Quant au directeur, le chemin de la sortie semble tout indiqué.