Genève

Edouard et Marguerite Naville: un couple pionnier de l'égyptologie

01.05.2025 17h18 Delphine Palma

expo

«Derrière chaque grand homme se cache une femme», dit le proverbe. Édouard et Marguerite Naville en sont une belle illustration. Il fouillait, elle documentait. Ensemble, ils ont marqué l’égyptologie. L’Université de Genève revient sur leur parcours à travers une exposition, un cycle de conférences et un riche programme pour la Nuit des musées.

Si la statue monumentale de Ramsès II trône aujourd’hui au Musée d’art et d’histoire de Genève, c’est à lui qu’on la doit : Édouard Naville, égyptologue genevois, pionnier des grandes fouilles dans le delta du Nil. Au tournant du XXᵉ siècle, il est l’un des premiers — et des plus reconnus — spécialistes de l’Égypte antique. «On peut le considérer comme le premier égyptologue suisse», précise Audrey Eller, égyptologue à l'UNIGE. 

Une vie au service de l’égyptologie

«Il a été formé par les plus grands à son époque, à Paris, à Londres, à Berlin, à Rome. À la base, c’est un philologue. Ce qu’il aime, ce sont les textes. Et puis, un peu par hasard, il est mandaté par une société savante britannique, l’Egypt Exploration Fund, qui lui demande de mener des fouilles en Égypte. C’est comme ça qu’il entre dans l’archéologie.»

À l’occasion du centenaire de sa disparition, l’Université de Genève lui rend hommage. Une exposition et un cycle de conférences retracent son parcours, ses découvertes et sa fascination pour les grandes inscriptions.
Dans la salle des moulages de l’Université, une quinzaine de petits objets archéologiques sont exposés pour la première fois. Des pièces modestes, mais qui offrent un regard différent sur le travail de l’archéologue, comme l’explique Christine Pönitz-Hunziger : «Les objets eux-mêmes ne sont pas exceptionnels, mais ils sont très intéressants parce qu’ils viennent d’une fouille dont on a surtout retenu les grandes pièces, les sculptures ou les inscriptions monumentales.»

Marguerite, épouse et collègue de premier plan 

Cette plongée dans le passé met aussi en lumière un autre visage : celui de Marguerite Naville. Épouse, mais surtout collaboratrice essentielle. C’est elle qui photographie les fouilles, trace les relevés, dessine les objets. Ses carnets intimes racontent tout ce que les rapports officiels ne disent pas — des pages devenues précieuses pour les chercheurs d’aujourd’hui, remarque Audrey Eller. «C’est en revenant à ces journaux intimes, aux lettres, à ce qui n’a pas été publié, qu’on comprend mieux le travail de cette époque. Et ça, c’est un domaine qui prend de plus en plus d’importance en égyptologie depuis quelques années.»

Les fouilles du couple Naville ont permis d’enrichir les collections des plus grands musées avec des pièces majeures de l’histoire égyptienne. C’est aussi grâce à Édouard Naville qu’une chaire en égyptologie existe et perdure à Genève. Deux conférences et un programme spécial pour la Nuit des musées, le 17 mai, braquent la lumière sur ce duo d’exception.