Erwin Sperisen comparaît pour la quatrième fois devant la justice
Le 4e procès d’Erwin Sperisen s’est ouvert ce lundi. L’ancien chef de la police guatémaltèque est accusé de complicité d’assassinat de sept détenus d’une prison du pays d’Amérique centrale.
L’ancien chef de la police nationale civile du Guatemala vit son 4e procès, soit 12 ans de procédure passée derrière les barreaux. 12 ans durant lesquels les jugements successivement ont été cassés, faisant des aller-retours au Tribunal fédéral, jusqu’à ce que la Cour européenne des droits de l’homme ne siffle in fine la fin de la récréation pour «une apparence de partialité» des juges genevois.
Ce matin, Erwin Sperisen était dans l’incertitude avant de s’assoir dans le box des accusés: «Aujourd’hui, on arrive ici sans savoir vraiment quelle est leur position. Est-ce la même que pour le premier procès ou une nouvelle, comme ils avaient essayé lors du troisième, s’interroge le colosse? On verra ce qu'est leur position maintenant.»
La défense a bombardé le tribunal de questions préjudicielles: elle a demandé à la cour d’abandonner certaines preuves, car «tronquées» ainsi que l’audition d’une multitude de témoins.
Les avocats de Sperisen ont par ailleurs insisté sur l’absence de la partie plaignante, une femme âgée, la mère de l’un des sept détenus décédés à Pavon en 2006. «Elle n’est toujours pas là. Et elle ne sait toujours pas qu’il y a un procès», s’insurge Me Campá. Par ailleurs, son client serait, soutient-il, complice d’un crime dont l’auteur a été acquitté en Autriche: il s’agit de Javier Figeroa son ancien bras droit. «Erwin Sperisen doit être acquitté. Sa culpabilité est alléguée de façon totalement illégale», clame Me Giorgio Campá.
La partie plaignante absente et «pas nécessaire»
Le procureur Yves Bertossa a contre attaqué point par point. Les demandes d’audition de témoins par la défense? Inutile, estime le 1er procureur. Sur la partie plaignante absente? Sa présence n’est pas nécessaire d’autant que les faits sont poursuivis d’office. Enfin, concernant Javier Figeroa, acquitté en Autriche, le magistrat rappelle qu’une personne peut être acquittée dans un pays, mais condamnée dans un autre pays. C’est un principe de droit, affirme-t-il.
Un «procès d’intimidation, un écran de fumée» lâché par la défense
Ces derniers jours ont été très tendus. Ce lundi matin, Yves Bertossa évoque un «procès d’intimidation. Un écran de fumée» lâché par la défense de Sperisen. Car depuis plusieurs jours, les missiles tombent dans le jardin du premier procureur: Javier Figeroa, l’ancien bras droit du binational est venu à Genève pour déposer une plainte pénale contre le magistrat pour calomnie.
Dimanche, nouvelle salve: l’ancien président du Guatemala Alejandro Giammatei et l’ancien ministre de l’Intérieur Carlos Vielman ont fait de même. Ils disent vouloir défendre leur honneur contre Yves Bertossa qui les accuse de faire partie d’une organisation criminelle impliquée dans l’exécution de détenus de la prison de Pavón.
Le procès se poursuit ce mardi.