Genève

Estelle Revaz, une musicienne à la conquête de Berne

02.06.2023 18h14 Lucie Hainaut

Estelle Revaz Estelle Revaz

Elle se présente sur la liste du Parti socialiste pour représenter Genève au Conseil national: Estelle Revaz, violoncelliste, est la deuxième meilleure élue par l’assemblée du PS, alors qu’elle prépare sa première campagne électorale. Elle espère pouvoir défendre les artistes sous la coupole.

C’est un rituel qui rythme chacune de ses journées: sortir son violoncelle de l’étui, l’accorder, puis jouer pendant plusieurs heures, pour pratiquer encore et encore. Pour Estelle Revaz, la musique est une passion de toujours: «Je suis née dans une famille musicienne, puisque ma mère était cantatrice. J’étais dans son ventre quand elle chantait puis toute petite déjà, j’ai assisté à ses répétitions» raconte l’artiste. Quand elle a 6 ans, ses parents lui proposent de choisir son instrument de musique; la réponse vient comme une évidence: «Je suis allée à une présentation d’instruments avec mon papa et j’ai dit que c’était le violoncelle, il n’y avait pas d’autre alternative» se souvient-elle.

La vie d'artiste... et d'auto-entrepreneuse

Aujourd’hui à 33 ans elle a fait de la musique son métier. Elle se produit régulièrement en Europe, quand elle ne fait pas une tournée en Amérique, en Afrique et en Asie. Ses journées sont bien remplies: «C’est beaucoup de travail, beaucoup d’investissement émotionnel, beaucoup d’heures à l’instrument, mais c’est aussi beaucoup de temps passé devant l’ordinateur. Et puis il y a aussi une dimension auto-entrepreneuse, je dois construire mes projets, les rendre viables» énumère-t-elle.

Covid-19, le déclic

Entre la musique et la politique il y aurait pu y avoir un mur, qu’Estelle Revaz a franchi pendant la pandémie de covid-19: «Un jour le ciel m’est tombé sur la tête, puisque l’État a considéré que la culture n’était pas essentielle. Ils nous ont interdit de travailler, sans pour autant nous indemniser. À ce moment-là ça a été vraiment rude, j’ai eu deux options: soit m’asseoir par terre et pleurer, soit me lancer dans un combat complètement fou pour faire changer la loi à Berne» se souvient l'artiste. Elle contacte un à un les parlementaires fédéraux pour les sensibiliser à la situation des artistes, les convainc, puis crée une coalition transpartisane et obtient gain de cause.

Objectif Berne

Estelle Revaz aurait pu s’arrêter là, mais elle a entre-temps attrapé le virus de la politique: elle décide de continuer son engagement à Berne sous la bannière du Parti socialiste. Pour se faire conseiller dans sa première campagne électorale, elle s’entoure de politiciens plus expérimentés, dont la socialiste Liliane Maury Pasquier: «Il faut de la patience… de la patience, de la patience et encore de la patience. Parce qu’il se peut qu’un objet pour lequel tu t’engages aboutisse des années plus tard» prévient l’ex-conseillère aux États. Elle croit en la candidature de la musicienne: «Estelle a un profil intéressant pour représenter Genève à Berne parce qu’elle est jeune, elle est dynamique, elle est intéressée par la politique, elle est curieuse de tout, mais aussi prête à s’engager. Elle l’a prouvé avec son travail de la révision de l’ordonnance pendant le covid» liste Liliane Maury Pasquier.

Une candidate dans les starting-block

Estelle Revaz se dit prête à représenter Genève sous la coupole: «Je m’imagine assez bien comment ça se passe dans les pas perdus, les discussions informelles, le fait d’avoir une problématique sur la table et après devoir trouver une solution qui soit viable sur le plan politique, juridique, administratif, donc c’est plein de rencontres, de discussions, de réflexions...» affirme la musicienne. Les élections fédérales auront lieu le 22 octobre. D’ici là, Estelle Revaz compte bien mener sa campagne sans fausse note.