Genève

Évacuation de la HEdS: qu’est-ce qu’une alerte Amok?

18.10.2023 19h37 Julie Zaugg

Amok Amok

Retour sur l’alerte Amok activée ce lundi à l’École de travail social des Caroubiers, à Carouge. L’alarme a suscité un fort émoi auprès des élèves. Présentation d’une procédure bien particulière.

Amok, ce n’est pas un acronyme. Amok vient d’un mot malaisien, amuk, qui signifie «rage incontrôlable». On l’emploie pour parler d’un accès de violence meurtrière d’un individu, avec arme blanche ou arme à feu. Il peut agir en petit groupe, mais reste le plus souvent seul. Caractéristiques principales: il est actif et hors de contrôle.

Mais un cas AMOK diffère d’une fusillade à caractère terroriste. Car souvent le tireur n’a pas de vision politique ou religieuse, mais des critères qui lui sont propres: problèmes personnels, frustration, volonté de vengeance, etc.                   

C’est un comportement décrit pour la première fois dans un roman de Stefan Zweig, «Le fou de Malaisie», publié en 1922. La procédure qui en découle a, elle, été mise en place après la tuerie de Columbine aux États-Unis. Cette fusillade a été commise par deux élèves, en 1999 dans une école du Colorado.

Depuis, dans de nombreux pays dont la Suisse, la procédure Amok existe et concerne les établissements privés comme publics. Les bâtiments scolaires évidemment, les hôpitaux, institutions étatiques ou non, etc. sont concernés.

Une cellule de veille spécifique

Dans chaque établissement avec une procédure Amok en place, il y a une «cellule de veille Amok». Elle est composée membres de l’administration, du personnel, qui restent vigilants toute l’année et sont les plus à même de réagir en cas d’attaque.

L’alarme Amok, elle, peut se matérialiser par un bouton poussoir derrière une petite vitre, comme pour les alarmes incendie. Elle peut aussi prendre la forme d’une alarme sonore, parfois le lien avec la centrale de la police se fait automatiquement, parfois pas et l’on doit alors appeler le 117.

Mais cette alarme n’est pas accessible à tous. Dans le cas d’un établissement scolaire par exemple, il peut être dans une armoire technique ou une salle du personnel: peu de risques donc qu’un élève lambda puisse l’activer. Mais une fois que l’alerte est donnée, la mobilisation qui s’en suit est bien huilée.

«La cellule interne déclenche l’alarme Amok qui arrive à la centrale police. À ce moment-là, tous les policiers et assistants de sécurité armés sont déployés sur le site et coordonnent, nous explique le porte-parole de la police, Alexandre Brahier. Après cela, un groupe d’intervention, la brigade des chiens, le déminage, et tous les partenaires feux bleus arrivent.»

Une défaillance technique pourrait être la cause de l’alerte

Si l’on est hors du lieu concerné par l’alerte Amok, il s’agit évidemment de rester où l’on est, de sortir le moins possible. Pour la population directement concernée par l’alerte comme le personnel et les élèves des Caroubiers ce lundi, il est recommandé de se barricader afin de ne pas être une cible visible en cas de tireur dans l’établissement. Il faut ensuite contacter le 117, en donnant le maximum d’informations possible.

Enfin, si on revient sur l’alerte aux Caroubiers lundi, où aucun individu avec un comportement meurtrier ou juste suspect n’a finalement été identifié. Les pistes s’orientent vers une défaillance technique, même s’il s’agit d’un bouton poussoir sur place. Une enquête est ouverte. 

À noter que si cela se révèle être une fausse alerte, déclenchée par mauvais goût, il s’agit alors d’un délit poursuivi d’office par le Ministère public. Ce délit est puni par une peine pouvant aller de l’amende jusqu’à 3 ans de prison selon le code pénal.