Genève

Féminicide de Vandoeuvres: l'employée de maison dénonce des violences

01.03.2024 18h36 Lucie Hainaut

MP Justice MP Justice

En octobre 2021 une femme de 58 ans était tuée par balle à son domicile, à Vandoeuvres. L’auteur présumé des faits est son époux, un médecin aisé. Le procès ne s’est pas encore ouvert, mais l’instruction suit son cours. Parmi les personnes entendues: la femme de ménage du couple. Elle dit avoir été non seulement témoin de violences, mais aussi victime. Elle était entendue ce matin au Ministère public.

Un petit comité est présent pour la soutenir: nous l’appellerons Carolina. Elle témoigne aujourd’hui contre son ancien employeur: «Je veux la justice pour toutes les femmes qui ne parlent pas, pour les personnes issues de l’immigration, les personnes maltraitées. Que ce soit économiquement, psychologiquement, et aussi les victimes d’agressions sexuelles» s’émeut l’employée de maison.

«On est là pour lui dire qu’on la croit»

Pour les femmes présentes, ce soutien est important: «On est là pour lui dire qu’on la croit et puis aussi pour la soutenir parce qu’elle a peur, c’est une femme de ménage face à un médecin fortuné. Je pense que c’est très important que nous la soutenions. Ce qui est révoltant et c’est contre ça qu’on se bat car il faut que ça cesse: il y a trop de féminicides en Suisse» martèle Françoise Nyffeler, membre du collectif de la Grève féministe. 

«Elle n’osait pas dénoncer ces violences parce qu’elle n’avait pas de permis»

Le féminicide dont parle Françoise Nyffeler remonte à octobre 2021: une femme est tuée par balles à Vandoeuvres, l’auteur présumé des faits est son mari. Carolina travaille depuis plus de 15 ans pour cette famille. Elle est témoin et victime de violences; elle se tourne vers l’association ADEMAG peu de temps avant l’homicide: «Elle est venue nous voir pour dénoncer le cas, pour nous dire que sa patronne était en danger, et que ce Monsieur a tenté d’abuser sexuellement d’elle. Elle était en état de choc» se rappelle Luz Marina Castillo, directrice de l’association. Elle rappelle que les personnes sans papier sont particulièrement vulnérables: «Elle n’osait pas dénoncer ces violences parce qu’elle n’avait pas de permis, elle ne savait pas qu’elle avait le droit de dénoncer le cas» se désole Luz Marina Castillo.

Carolina était écoutée ce matin à titre de témoin ce matin. Elle a aussi déposé plainte contre son ancien employeur pour tentative de contrainte sexuelle, exhibitionnisme et abus de faiblesse. Les deux instructions suivent leur cours.