Genève

Genève met sous protection 15 lieux de culte d'un coup

25.04.2023 10h44 Delphine Palma

expo

Circulaires, vitrés ou en béton brut de décoffrage. Les lieux de culte les plus extravagants sortent de terre dans l'après-guerre. Quinze d'entre eux, construits entre 1950 et 1975 sont désormais inscrits à l’inventaire des monuments historiques. Huit églises, cinq temples et un centre orthodoxe sont concernés.

Bienvenue en l’église Saint-Martin d’Onex. Construite à partir de 1963, tout en béton, son style et sa forme novatrice en font un des lieux de culte les plus intéressants du canton. «C’est une église ronde, qui place l’officiant vers le centre géométrique et les fidèles tout autour», détaille Frédéric Python. «L’Église réforme sa liturgie suite au Concile de Vatican II en rapprochant le plus possible les fidèles.»

«Oeuvres d’art totales»

Circulaire, vitrée, ou complètement inclassables. Les créations les plus folles sortent de terre dans l’après-guerre. Quinze d’entre elles, construites dans les années 1950, 1960 et 1970 rentrent aujourd’hui à l’inventaire des monuments historiques.

15 lieux de culte sous protection 
Église de l'épiphanie
Église Sainte-Claire
Église Sainte-Clotilde
Église Sainte-Marie-Du-Peuple
Église Saint-Jacques
Église Saint-Jean-Baptise
Église Saint-Martin 
Temple de Châtelaine
Temple du Lignon
Temple de Malagnou
Temple de Montbrillant
Temple Adventiste du 7e jour
Eglise orthodoxe Saint-Paul
Chapelle des Rois

Mathieu de la Corbière a dirigé cette longue démarche, initiée par le Conseiller d’État Antonio Hodgers. 82 lieux de culte genevois ont été passés au crible par ses services pour retenir au final cette sélection de 15. Ils racontent tous l’évolution de la pratique religieuse, mais aussi le fort essor démographique de l’après-guerre. «Pour répondre à cet afflux de population, les différentes communautés vont inaugurer des programmes architecturaux très ambitieux.»

«Ce sont des bâtiments qui ont fait l’objet de réflexions très intenses d’ingénieurs, d’artistes et d’architectes. Ce sont des œuvres d’art totales.» 

Avantages et inconvénients

Le temple adventiste du 7e jour fait partie des élus placés sous protection. Pour le pasteur Nicolas Walther, entrer dans le patrimoine religieux de Genève est une belle reconnaissance. Mais cette perspective suscite quand même des interrogations en tout genre. «C’est vrai qu’un lieu comme celui-ci, s’il devait être figé, aurait tendance à perdre sa mission de lieu de vie, de célébration et d’un lieu qui vit avec son temps.»

Au vicariat épiscopal de l’Église catholique genevoise, on se dit complètement rassuré. Huit églises entrent à l’inventaire avec des contraintes claires. «Nous ne sommes pas libres, mais devons travailler en consultation avec l’Etat, c’est la grande limite», explique le secrétaire général de l’Église catholique romaine genevoise. «L’Office du patrimoine nous permet de mettre en avant certaines qualités architecturales dont nous n'avons pas forcément connaissance. C’est un des grands avantages.» 

Des avantages et des inconvénients parfois totalement dissuasifs. Plusieurs lieux de culte ont refusé cette mise à l’inventaire. Malgré un très fort intérêt patrimonial, l’État a du faire une croix sur Sainte-Jeanne de Chantal et Saint-Pie X. Pour des raisons financières, ces paroisses catholiques démoliront leur église pour un lieu de culte plus modeste au sein d’un immeuble de logements. «Nous n’allons pas tout mettre sous cloche. Il faut admettre que le canton puisse évoluer», réagit Matthieu de la Corbière.

Ces 15 lieux de culte sont désormais protégés par la loi et considérés comme des bâtiments prépondérants pour l’histoire de Genève. Les propriétaires ne peuvent plus les modifier à leur guise mais pourront bénéficier de subvention de l’Etat pour l’entretien et la rénovation.