Genève

Genève se positionne sur les «thérapies de conversion»

10.05.2023 17h59 Julie Zaugg

conversion

Après Vaud et Neuchâtel, c’est peut-être au tour de Genève de se positionner sur l’interdiction ou non des thérapies de conversion. Le Conseil d’Etat a proposé aujourd’hui un projet de loi en ce sens. C’est la suite d’une motion du Grand Conseil déposée il y a maintenant deux ans. Il propose des dispositions pour lutter contre les pratiques de conversions et de répression de l’identité de genre. 

Qu’on parle de genre ou d’orientation sexuelle, les thérapies de conversion sont depuis quelques temps interdites en France et en Allemagne. Un changement qui a poussé certaines association allemandes à venir s’implanter sur sol helvétique pour profiter de l’absence de loi. Vaud et Neuchâtel se sont positionné récemment, chacun à leur façon. À Genève, Mauro Poggia ne compte pas laisser le canton devenir un lieu propice à ces installations. 

«La Confédération nous dit que c'est du ressort cantonal, on peut le regretter car un thème comme celui-ci devrait être réglé au niveau national. Le canton de Vaud a adopté un aspect plus sanitaire, celui de Neuchâtel plus répressif avec la loi pénale. Nous, nous avons voulu avoir une loi plus large en ce qui concerne les auteurs potentiels des infractions, mais aussi avoir la possibitlié d'un outil plus souple que celui de la procédure pénale», expose Mauro Poggia, président du gouvernement genevois. 

En effet, les contrevenants s’exposeraient à un amende administrative. Elle pourra atteindre 100'000 francs dans les cas les plus graves. Ce projet de loi concerne toute personne ou organisation qui exercent une pression sur un individu, dans le but de changer sa volonté et l’expression de son identité. Son application promet cependant d’être complexe, il s’agira de pondérer et trouver la limite, celle qui dit là, ça va trop loin. «On sait qu'il y a des personnes qui interviennent, au niveau familial, pour demander par exemple un temps de réflexion. Cela est normal. Ce qui ne l'est pas c'est lorsqu'il se transforme en pression, en contrainte. Là, la société doit intervenir» détaille Mauro Poggia. 

Projet de longue date

Ce projet est la suite d’une motion du Grand Conseil, déposée il y a déjà deux ans. Pour le président de Dialogai, il était temps… «Cela a pris beaucoup de temps pour accoucher de ce projet de loi. On est contents qu'il arrive et nous espérons que le législateur le votera rapidement et sans lui enlever les dents», nous dit Matthias Erhardt

Une vingtaine d’acteurs, associations et organisations religieuses ont été consultés dans l’élaboration de ce projet de loi. Cantons romands mais aussi chambres fédérales commencent à se positionner; «Les choses bougent et on va suivre avec attention ce quil se passe, dans l'esprit d'obtenir le meilleur résultat pour les personnes concernées» explique le président de Dialogai. La suite est désormais entre les mains du Grand Conseil.