Genève

Gratuité de transports publics: Maudet revient à la charge

03.05.2024 19h24 Martin Esposito

Alors que le Grand Conseil a voté contre la gratuité de l’abonnement Unireso pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans, le conseiller d’État en charge des mobilités annonce qu’il va «tout tenter».

C’est un tremblement de terre qui a secoué le Grand Conseil jeudi soir. La gratuité des transports publics pour les jeunes est enterrée par les députés. Un revirement de situation qui s’explique par un amendement. Dans le projet initial, la compétence de la tarification TPG était transférée du Grand Conseil au Conseil d’administration de la régie publique. Inacceptable pour le groupe socialiste.

 «C’est à notre sens absurde de vouloir rendre gratuit les tarifs TPG pour une partie de la population et, en même temps, s’accorder que l’on peut augmenter le prix des tarifs en faisant sauter le seul mécanisme qui permettait une non-augmentation des tarifs», déclarait en séance la cheffe de groupe Caroline Marti. 

«C’est un échec du Département des mobilités qui a essayé de court-circuiter le Grand Conseil»

À la surprise générale, le PLR soutient l’amendement, qui est voté avec 65 votes pour. «Nous avons été convaincus par l’excellence de cet amendement socialiste», scande après le vote Murat-Julian Alder, sous les rires des élus de droite. Dans la foulée, le rapporteur de la majorité demande le renvoi en commission, refusé. Le vote arrive. le «non» l’emporte avec 51 voix.

Au lendemain de ce revirement, le PLR assume et pointe un projet trop rapidement mis au vote. «Nous devions signer un chèque blanc pour quelque chose qui n’était pas clair, dénonce Pierre Nicollier, député et président de la section genevoise. […] Pour moi, l’échec d’hier soir, c’est un échec du département de la mobilité qui a essayé de court-circuiter le Grand Conseil. Cela n’a rien à voir avec un échec pour la gratuité.»

Le Conseil de la jeunesse déçu

Dans les travées de l’Hôtel de ville, cette manœuvre parlementaire fait réagir les députés. «J’ai été surpris, réagit Julien Nicolet-dit-Felix (Les Verts). On pensait qu’il y avait un peu d’honnêteté dans les débats. Il y a franchement une manœuvre qui relève de la malhonnêteté.» «C’est de bonne guerre, scande de son côté l’UDC Stéphane Florey. Nous sommes contre l’instauration de la gratuité, le PLR également et, il a senti que s’il votait l’amendement socialiste il y aurait une majorité.

La proposition du Conseil d’État était attendue par le Conseil de la jeunesse de Genève. Pour son président, il y a urgence. «C’est 108'000 jeunes qui auraient pu obtenir la gratuité, sachant que la précarité augmente pour cette classe d’âge ces derniers temps, c’est quand même 400 francs par tête qui auraient pu être retirés», glisse Gabriel Haddad.

Sur la table du Conseil d’État mercredi

Du côté du Conseil d’État, c’est l’incompréhension. Pierre Maudet l’annonce, cette gratuité pour les jeunes doit se concrétiser: «Je vais tout tenter pour que l’on puisse reposer la question. J’ai le sentiment qu’hier soir, il y avait une majorité pour, mais les guerre politiciennes ont pris le dessus. On va en rediscuter avec le Conseil d’État mercredi prochain et je pense que l’on refera une proposition.»

La prise en charge de l’abonnement Unireso pour les moins de 25 ans aurait coûté 35 millions de francs. En comparaison, la baisse d’impôts, qui est votée ce vendredi, coûtera 434 millions selon le Département des finances.