Genève

Hans Wilsdorf a-t-il eu des sympathies nazies?

21.03.2024 18h47 Delphine Palma

rolex

Le fleuron de l’industrie horlogère suisse, Rolex, est-il rattrapé par un passé nazi ? 
Le journal « Le Temps » a mené l’enquête. Un document, publié dans un grand ouvrage historique sur Hans Wilsdorf, sème le doute. Mais les preuves sont plutôt minces reconnaissent les historiens.
 

« Il ressort que Hans Wilsdorf est un fervent admirateur du régime hitlérien. Il ne se cache pas pour manifester sa satisfaction lorsque des événements favorables à l’Allemagne nazie se produisent. » Hans Wildsorf, le fondateur de Rolex, aurait il eu des sympathies nazies ?

C’est ce que suggère un rapport de la police genevoise de 1941. Ce document est le seul découvert jusqu’à présent qui lie l’horloger au régime nazi. Pour Marc Perrenoud, ancien conseiller scientifique de la commission Bergier, ce document isolé est plutôt le signe qu’il n’ y a rien de suspect. Le rapport de Police n’a d’ailleurs eu aucune suite. « De nombreuses entreprises ont été soupçonnées par les Alliés et dans certains cas, les Alliés ont inscrit ces entreprises ou ses personnalités sur des listes noires. Plus de 1700 noms en Suisse, on été inscrits sur ces listes. Ni Rolex, ni Hans Wildorf n’y figurent. Cela donne à penser que les informations de 1941 étaient des rumeurs ou des indices, mais pas des informations solides. »

Note de bas de page 

Ce rapport de police incriminant, le Journal le Temps la repéré dans les notes de pages de l’ouvrage que l’historien Suisse, Pierre-Yves Donzé, vient de publier : "La fabrique de l’excellence. Histoire de Rolex". Une histoire de l’entreprise Rolex et de son fondateur. 300 pages qui démontrent comment Rolex est devenu Rolex; un symbole d’excellence et de réussite sociale. 

Pour l’historien de l’industrie horlogère, il ne faut pas sur-interpréter ce document. « L’intérêt n’est pas le rapport de police lui-même» analyse Pierre-Yves Donzé. «L’intérêt est qu’il y a eu un soupçon des autorités britanniques face à Hans Wildorf. Ces soupçons ont eu des effets négatifs sur les affaires de Rolex en Angleterre, car des permis d’exportation n’ont pas été accordés. Au-delà de ces soupçons, je pense qu'il s'agit d'une polémique qui n’en est pas une.»

Enquête historique indépendante 

Face à cette polémique, l’entreprise Rolex répond qu’elle connaissait déjà ce document. Elle précise : « Ce signalement des autorités de l’époque contraste fortement avec ce que Rolex sait de son fondateur. En effet, de telles allégations vont clairement à l’encontre de faits et des réalisations importantes, inhérents à la vie de Hans Wilsdorf. »

Rolex qui n’a encore jamais ouvert ses archives vers l’extérieur annonce qu’un historien indépendant va être mandaté pour mener une enquête de fond pour mettre toute la lumière sur son passé.