Genève

Helsana lâche trois cliniques genevoises

06.02.2025 13h51 Laure Lugon Zugravu

Nouveau coup dur pour les assurés genevois. Jeudi, l'assureur Helsana, l'un des poids lourds du secteur, a averti ses partenaires qu’il claquait la porte de la clinique des Grangettes, de La Colline et de l’Hôpital de la Tour. Les patients au bénéfice d’une assurance complémentaire ne peuvent donc plus y séjourner pour le moment.

«Lorsqu'aucun accord ne peut être trouvé avec l'hôpital, il y a une situation de vide contractuel pour les tarifs des divisions privée et demi-privée. Faute d’accord et selon les directives FINMA, nous sommes contraints d’exclure temporairement de nos listes ces trois cliniques», indique Helsana dans son courrier aux concernés. L’assureur, qui compte environ 80'000 assurés à Genève, ajoute que les assurés qui ont déjà une intervention programmée dans ces hôpitaux seront contactés personnellement par son service spécialisé. En cause: les tarifs des cliniques privées genevoises, supérieurs à ceux pratiqués à Zurich, explique le porte-parole d’Helsana, Urs Kilchenmann, contacté par Léman Bleu.

L’an dernier déjà, une rupture de convention similaire était survenue à cause des prix pratiqués à Genève. Mais à en croire Sophie Creffield, directrice de Hirslanden Clinique la Colline, le problème cette année se situerait ailleurs: «Helsana refuse le modèle de facturation des honoraires créé par les médecins genevois, explique la codirectrice. Cet assureur veut conditionner les contrats à un autre modèle que celui de l’Association des médecins de Genève (AMGe).»

«Helsana a résilié et renégocié tous les contrats qui ne respectent pas les principes de la FINMA»

En Suisse, il existe effectivement plusieurs modèles de facturation. L’AMGe a récemment créé un modèle pour les honoraires, reconnu à ce jour par Assura, Groupe Mutuel et Swica. Cette formule prévoit une facturation en bloc des interventions et du suivi, auxquels sont attribués ensuite des valeurs. Selon certains assureurs, ce modèle de facturation ne serait pas conforme à ce que réclame la FINMA, l'autorité de surveillance qui a exigé la transparence pour faire baisser les coûts. «Le 1er janvier 2025 marque la fin de la période transitoire accordée par la FINMA pour répondre à ses attentes en matière d’assurances complémentaires stationnaires, explique le porte-parole d'Helsana. Helsana a résilié et renégocié tous les contrats qui ne respectent pas ces principes. Malgré d’intenses efforts, nous n’avons pas encore pu conclure des contrats conformes aux exigences.»

Sophie Creffield atteste que la convention avec Helsana était arrivée à échéance au 31 décembre et que son établissement s’apprêtait à en signer une nouvelle. Mais Helsana en a décidé autrement.

Pour la clinique la Colline, la pilule est dure à avaler, car elle ne travaille qu’avec des médecins indépendants qui facturent directement leurs honoraires aux assureurs, sans passer par l’établissement. Mais le système de santé tout entier pourrait lui aussi subir une conséquence en cascade de ce lâchage d’Helsana: «Les urgences se déversent sur les HUG, explique Sophie Creffield, car les ambulanciers ne vont pas trier les patients en fonction de leur assurance.»

Un état de fait qui déplaît au ministre de la santé, Pierre Maudet: «Cette situation met à mal l'accès aux soins dans notre canton, c'est la raison pour laquelle l'Etat entend jouer son rôle de facilitateur. J'ai fixé une réunion en mars entre les parties pour qu'une solution soit trouvée, afin que les patients ne soient pas les victimes collatérales des tensions entre les assureurs et les cliniques privées.»