Genève

«Il faut cesser immédiatement les renvois vers la Croatie»

01.11.2023 18h23 Denis PALMA

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Des associations et des collectifs suisses mènent depuis plusieurs mois une campagne nationale intitulée « Stop Dublin Croatie ». Ils militent contre la menace de transfert de migrants de la Suisse vers la Croatie, pays connu pour ses violences à l'égard des migrants. À Genève, une quarantaine de personnes sont menacées de renvoi. 

Vol, tabassage, viol, privation d'eau et de nourriture. Certaines personnes concernées par ces exactions, la plupart originaires du Burundi, ont témoigné des violences policières qu'elles ont subies en Croatie. Jean (*Nom d’emprunt) a été interpellé par la police dans un train à Zagreb, puis violemment refoulé à la frontière bosnienne. Il raconte : « Ils m'ont fait sortir du camion. Je vois mon ami Alain, couché raide. Les policiers mettaient des bagues métalliques et ils m'ont copieusement battu à tel point qu'aujourd'hui je garde des séquelles. J'ai eu de nombreux points de suture à l'arcade sourcilière ainsi qu'une hanche déboîtée. Mon ami Alain, nous avons essayé de le réanimer en vain », témoigne le trentenaire. 

«Il faut cesser immédiatement les renvois vers la Croatie»

L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés et la section suisse de Médecins du monde recommandent d'ailleurs de cesser immédiatement les renvois vers la Croatie. Plusieurs rapports confirment les dangers encourus. « Il est absolument impossible de retourner demander l'asile dans un pays où ils ont été battus, violentés. Quand on demande l'asile, c'est pour trouver refuge quelque part », s'insurge Juliette Fioretta, membre de l'association Solidarité Tattes.

Activer la clause de souveraineté

Selon la Conseillère nationale Liza Mazzone, la Suisse pourrait activer la clause de souveraineté pour éviter de renvoyer ces personnes vulnérables, traumatisées par les violences policières subies en Croatie. « La Suisse peut, selon les accords de Dublin, prendre en charge ici ces personnes en lien avec les violences subies », estime la Conseillère aux États genevoise Lisa Mazzone. « Il y a d'autres décisions en Europe qui vont dans ce sens », poursuit-elle. Genève, comme d'autres cantons, devrait s'engager auprès de Berne pour signifier leur volonté d'un changement de pratiques ainsi que l'intégration rapide de ces personnes.

Les associations ont sollicité le Conseil d'État qui jusqu'à présent est resté sans réponse. Aucun requérant d'asile concerné par un potentiel renvoi vers la Croatie n'a été pour le moment renvoyé vers ce pays à partir de Genève.