Genève

«Il n'est pas question que nous renoncions à Favra»

26.04.2023 18h39 Julie Zaugg

Favra

Le centre de détention administrative de la Favra est dans le viseur des défenseurs des droits de l’homme. Disposant de 20 places à partager entre les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel, l’infrastructure vétuste accueillait 8 personnes en attente d’un renvoi. Le suicide de l’une d’elles au début du mois relance la question des conditions de vies au sein de cet établissement.

Le drame du 8 avril a marqué les esprits, à la Favra. Depuis, plusieurs détenus ont été entendus par le tribunal administratif de première instance suite à une pétition demandant leur libération face à des conditions de vie indignes. Quatre genevois ont ainsi été transférés dans l’établissement de Frambois. Une petite victoire pour la ligue suisse des droits de l’homme, mais ça n’est pas assez. 

«Nous demandons la fermeture pure et simple de cet établissement. Aucun aménagement ne le rendra conforme (...) puisqu'il a été conçu à l'origine comme une prison!» expose Marc Morel, membre de la Ligue suisse droits de l’homme, section genevoise. La commission des visiteurs de prison du Grand Conseil n’a pas pénétré dans le centre de détention administrative de Favra depuis la période Covid. Depuis, des améliorations ont été apportées au site.

Demandes déraisonnables

S’ il est clair que la situation sur place n’est toujours pas réjouissante, son président Antoine Barde temporise :«Il faut évidemment être sensible aux questions des droits humains, mais ce n'est pas raisonnable de fermer un établissement. En ce qui concerne la détention administrative, c'est une loi fédérale qui s'applique, nous devons faire respecter le cadre légal...».

Favra dépend d'un concordat entre geève, Vaud et Neuchâtel. Chaque canton y place des détenus administratifs, en attente de renvoi. La fermeture de Favra est demandée par les défenseurs des droits humains depuis 2020, mais pour le conseiller d’Etat en charge de la sécurité, il n’est pas question de répondre de façon si radicale aux velléités des associations. «Les tribunaux ne nous ont pas demandé de vider Favra! Il reste un lieu où la détention administrative est possible. Elle va être reprise. Nous avons aujourd'hui installé internet, ce qui avait été réclamé à juste titre, mais il n'est pas question que nous renoncions à ce site» détaille Mauro Poggia. 

Des espoirs dans la plannification pénitentiaire

Fermeture irréaliste, mais peut-être des changements possible à plus grande échelle ? La Favra fait partie de la Planification pénitentiaire, votée le mois dernier au Grand Conseil. Mais cela implique un travail de longue haleine: de 10 à 14 ans d’attente avant de voir des projets se concrétiser. Pas de fermeture ou de grand chamboulement en vue à court termes. Mais alors qu’est-il possible de faire dans l’immédiat ? 

«Pas grand chose! explique le conseiller d'Etat Poggia, Rénover et aggrandir Frambois ou bien trover un lieu alternatif. Et même avec un lieu alternatif, on peut être sûr que les associations monteront à nouveau au créneau, contre un nouveau lieu de détention administrative». Il reste actuellement trois détenus à la Favra, placés par le canton de Vaud.