Genève

Incendie des Tattes: ex-cadre de l'Hospice général reconnu coupable

04.06.2024 18h34 Rédaction / ATS

Tattes

Un ex-coordinateur incendie de l'Hospice général a été reconnu coupable, en appel, d'homicide et de lésions corporelles par négligence dans le dossier de l'incendie du foyer pour migrants des Tattes, à Vernier, en 2014, au cours duquel un résident était mort.

La Chambre pénale d'appel et de révision n'a pas suivi le jugement de première instance, qui avait conduit à l'acquittement de cet ancien employé de l'Etat. Pour les juges, le prévenu aurait pu éviter le drame qu'a provoqué l'incendie en dispensant des informations liées aux dangers du feu directement aux résidents du foyer.

L'accusé a été condamné à une peine pécuniaire assortie du sursis. La Cour a aussi confirmé la condamnation pour homicide et lésions corporelles par négligence de deux agents de sécurité qui, le jour de l'incendie, ont tenté d'éteindre le feu au lieu d'évacuer le bâtiment. Ils écopent également d'une peine pécuniaire avec sursis.

La Cour a aussi confirmé la condamnation à 15 mois de prison avec sursis d'un Algérien, qui, par sa négligence, a été à l'origine de l'incendie. Dans leur jugement, les magistrats ont rappelé que le feu avait été déclenché dans la chambre de ce résident par une plaque de cuisson ou par des mégots mal éteints dans une poubelle.

Quoi qu'il en soit, le règlement du foyer interdisait aux résidents de fumer dans les chambres et d'y posséder des appareils chauffants. Le feu avait pris dans la chambre du ressortissant algérien alors que celui-ci était sorti. Deux agents de sécurité avaient tenté dans un premier temps d'éteindre les flammes.

Leur faute a été d'avoir voulu jouer aux pompiers. L'un des agents a accédé à la chambre en feu en forçant la porte, causant la propagation de la fumée dans le bâtiment. Avec son collègue, ils ont également oublié de fermer une porte coupe-feu, plongeant la cage d'escalier dans un nuage toxique.

Un drame marquant

Deux résidents ont été asphyxiés, dont un est mort. Plusieurs autres migrants, logeant dans les étages, paniqués à l'idée de ne pas pouvoir sortir du bâtiment, se sont jetés par les fenêtres, se blessant grièvement pour certains. Cet incendie dramatique avait causé une onde de choc à Genève.

L'ancien coordinateur chargé d'évaluer les risques liés au feu dans le foyer des Tattes n'a pas été épargné par la Cour d'appel. Cette dernière a en effet estimé qu'il n'avait pas informé suffisamment les résidents de la façon de se comporter si un incendie éclatait dans le centre pour requérants.

La communication de telles informations n'aurait pas nécessité beaucoup de temps. Pour éviter le drame de novembre 2014, il aurait fallu apprendre à plusieurs résidents d'éviter d'emprunter des escaliers enfumés ou de sauter par la fenêtre. "On aurait pu ainsi empêcher un mouvement de panique", ont relevé les juges.

Concernant les réparations pour tort moral des résidents et de leurs familles affectées par le drame, la Cour a indiqué aux plaignants de s'adresser à l'Etat. Les agents de sécurité en poste cette nuit de novembre 2014 doivent en effet être considérés comme des agents de l'Etat, ainsi que l'ancien responsable de l'Hospice général.