Genève

Influenceurs frontaliers: ils vantent le travail en Suisse

12.04.2024 17h16 Léa Audidier

influenceur frontalier

Controversé, le sujet des frontaliers fait toujours débat à Genève. Ils sont de plus en plus nombreux à venir travailler dans le canton. Mais aujourd’hui, le phénomène se passe aussi sur Internet. Une manière de promouvoir la pratique bien au-delà de la frontière franco-suisse.

Tappez «Devenir frontalier suisse» sur YouTube et des dizaines de vidéos apparaîtront. Certaines font plusieurs milliers de vues. Elles ont toutes un point commun: expliquer comment améliorer radicalement sa qualité de vie en habitant à la frontière suisse. 

Le youtubeur Aymeric MB partage à ses 18’000 abonnés son parcours en tant que frontalier dans le Grand Genève: «J’ai filmé une vidéo qui s’appelle 24 heures pour trouver son emploi en Suisse. Et puis, j’ai démarché les entreprises comme ça avec mon CV, je filmais tout ça en caméra cachée. Je donnais mes opinions, je partageais les moments difficiles du départ, et aussi les moments où j’étais émerveillé par la beauté du pays. Donc, de fil en aiguille, j’ai adoré partager mon parcours et vu qu’il n’y avait quasiment personne qui le faisait sur YouTube, c’était une niche à prendre. Moi ça me permet d’être créateur de contenu, et puis j’adore ça, c’est juste super.»

Gagner un salaire helvétique et payer des charges françaises: la Suisse apparaît ainsi comme un véritable Eldorado. Elle donnerait, en tout cas, la possibilité de s’élever socialement. À travers des conseils pour faire son CV ou même pour savoir où emménager, ses vidéos trouvent, dans tous les cas, un certain écho: «Il y a des gens qui adorent ce que je fais et je reçois énormément de remerciements. Ça me fait toujours grandement plaisir quand je me fais arrêter dans la rue et que les gens me disent: "c’est grâce à toi que je suis venu ici et ça a changé ma vie. Aujourd’hui je suis dans un cadre de vie beaucoup plus sympathique, je gagne beaucoup mieux ma vie." C’est en tout cas les retours que j’ai. Il y a vraiment un remerciement qui est sincère et qui est profond.» 

«C’est un mensonge, ou disons une demi-vérité»

Quand bien même devenir frontalier peut paraître accessible à tous, trouver un travail en Suisse n’est pas chose acquise. La Suisse, une véritable mine d’or de l’emploi ? Ursula Siegrist, directrice de l’agence de placement «L’emploi du temps», nous répond: «Moi je pense que c’est un mensonge, ou disons une demi-vérité. Car effectivement les salaires sont beaucoup plus élevés. Mais il y des lois en Suisse, il faut compter 20% en moins à cause des charges sociales. Ce qui coûte très cher à la frontière, c’est tout ce que vous avez au niveau des loyers, des biens de consommation.»

Selon les statistiques du Crédit Agricole, seul un quart des frontaliers n’ont aucun diplôme. La plupart sont diplômés d’une formation en études supérieures. La majorité des frontaliers se dirigent surtout vers les secteurs de la santé humaine et de l’action sociale, du commerce de détail, de la construction, de l’hébergement et de la restauration.

Ursula Siegrist explique cette tendance: «Si vous êtes qualifié oui. Effectivement, il y a des bonnes chances de trouver du travail, mais il faut arriver avec des diplômes. Il y a des domaines qui sont plus faciles à trouver. Par exemple, quand on parle de la restauration, des métiers "simples", dans le domaine médical, oui on trouve.» 

En 2023, Genève comptait plus de 104’000 frontaliers. 20’000 permis G de plus ont été délivré comparé à l’année précédente. Une augmentation exponentielle. Aymeric lui, a vu sa chaine gagner 18’000 abonnés en moins de deux ans.