Le cèdre de la Servette a été abattu
Surprise ce vendredi, le bruit des tronçonneuses a retenti à la Servette pour abattre le cèdre centenaire qui a mobilisé les habitants. Des riverains tentaient depuis plusieurs semaines de sauver l'arbre centenaire. En vain.
Le cèdre de la Servette n’est plus: l’arbre centenaire a été tronçonné un peu après 11h ce matin. Les habitants sont abattus: «Je ressens de la colère, une grande tristesse de le voir par terre…» se désole Sophie Lagana, une habitante du quartier. «C’est un deuil que je dois faire, d’avoir perdu cet être vivant. J’avais un lien avec lui, comme tous les gens de ce quartier je pense. C’est comme perdre un membre de la famille» ajoute Matej Hacin, un sympathisant des défenseurs du cèdre.
«Je reproche à l’état son silence»
Dès l’arrivée des bucherons les habitants du quartier se rassemblent. Ils sont très remontés contre la coupe de l’arbre: «Je reproche à l’état son silence, on n’a obtenu aucune réponse après trois semaines de courriers intensifs à Monsieur Hodgers. Je reproche à la Ville de Genève et aux conseillers municipaux qui ont voté les droits de servitude de voter à l’aveugle» fustige Myriam, une voisine du cèdre. Ils sont beaucoup à récupérer des branches du cèdre abattu, avec plusieurs idées en tête: «Je vais mettre cette branche dans mon salon, déposer une bougie à côté, et je vais demander pardon à l’arbre pour ce qu’on lui a fait» prévoit Matej Hacin. «Une bouture de cèdre c’est un peu difficile, mais plusieurs d’entre nous vont tenter de regarder des tutos et puis de voir si une bouture pourra peut-être vivre ailleurs sur un balcon ou dans un jardin» ajoute Sophie Lagana.
«La législation doit être revue de toute urgence»
Après l’émotion, l’action: le président de Sauvegarde Genève veut faire changer les lois. «Pourquoi est-ce qu’on traîne les pattes à Genève? Pour protéger les promoteurs? Oui on a besoin de logements mais pas n’importe comment, et pas comme ça» s’agace Jean Hertzschuch. Une position que partage Alfonso Gomez: «La législation doit être revue de toute urgence, afin de protéger le patrimoine arboré au même titre que le patrimoine bâti. Au niveau cantonal, il faudrait aussi envisager une plus grande souplesse en matière d’évolution des PLQ, afin de ne plus se retrouver contraint par des projets datant d’il y a 30 ans, en contradiction avec les défis actuels» nous répond Alfonso Gomez par e-mail.
«Je partage la tristesse des habitants de ce quartier»
Contacté, Antonio Hodgers nous fait part de sa déception après l’abattage de l’arbre: «Je partage la tristesse des habitants de ce quartier pour lequel le cèdre était un repère visuel important, une part de l’identité du voisinage. Nous avons essayé pendant des mois de modifier le PLQ de 1992, mais le propriétaire n’est pas entré en matière sur cet arbre-là. Par conséquent, l’Etat n’avait pas les moyens légaux d’empêcher cet abattage qui se situe sur une parcelle privée» nous fait-il savoir par écrit.
45 logements devraient être construits sur la parcelle du cèdre. Le chantier a déjà commencé.