L'accusatrice de Tariq Ramadan veut obtenir justice
Celle que la presse surnomme "Brigitte" et qui accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée est arrivée lundi au Palais de justice de Genève, portant des lunettes fumées, entourée de ses avocats.
Photo: KEYSTONE/Valentin FlauraudLa femme de 58 ans qui accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel, à Genève, en octobre 2008, a raconté, lundi, devant la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève, comment sa vie s'était transformée en enfer depuis qu'elle avait déposé une plainte contre l'islamologue, en 2017.
"On subit l'horreur et on cherche à se reconstruire. Quand on voit qu'on n'y arrive pas, on saisit la justice et c'est le rouleau compresseur", a déclaré celle que les médias surnomment "Brigitte". Questionnée par le président de la Cour sur l'estimation de son tort moral, la plaignante a balbutié et fondu en larmes.
Impression d'abandon
"J'ai dénoncé un viol et je m'étonne de n'avoir pas été reconnue en tant que victime, qu'on ait fait si peu de cas de moi", a-t-elle dit. La plaignante n'a pas compris l'acquittement de Tariq Ramadan prononcé il y a un an par le Tribunal correctionnel de Genève, lors du procès en première instance.
La quinquagénaire a indiqué que les violences qu'elle affirme avoir subies ont bouleversé son rapport avec les autres. "J'ai un sentiment de honte, une perte de confiance en moi et je fais des cauchemars." Il lui sera peut-être possible de surmonter le traumatisme, "mais cela dépendra largement de la justice".
Lundi matin, la plaignante a été interrogée par la Cour sur certains détails du dossier, notamment concernant des messages qu'elle aurait postés sur les réseaux sociaux à propos de Tariq Ramadan et sur un blog qu'elle aurait géré, intitulé "va, cours, vole et nous venge", en référence à une citation du Cid de Corneille.
L'accusatrice a admis avoir écrit "compulsivement" à Tariq Ramadan pendant une période. "On m'a raillée et dit que j'étais une fofolle." La plaignante a toutefois déclaré n'avoir plus eu d'échanges avec l'islamologue à partir de février 2009, à l'exception d'un courriel en 2010.