Genève

L'avenir de la guerre et de la paix discuté à Genève

06.04.2023 15h55

L'avenir de la guerre et de la paix discuté à Genève

L'Anticipateur de Genève sur la science et la diplomatie (GESDA) présidé par Peter Brabeck-Letmathe et soutenu par le conseiller fédéral Ignazio Cassis et ses partenaires se donnent plusieurs années pour un mécanisme de conseil sur l'avenir de la guerre et la paix pour les décideurs (archives).

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

La Suisse présidera dans quelques semaines et pour un mois le Conseil de sécurité de l'ONU. A Genève, des organisations se sont retrouvées cette semaine pour discuter de l'avenir de la guerre et de la paix pour les prochaines générations.

Avant la présidence du Conseil, plusieurs ONG ou institutions suisses souhaitent profiter de cette exposition publique à New York pour montrer leurs activités. En Suisse, l'Anticipateur de Genève pour la science et la diplomatie (GESDA), bras armé de la diplomatie scientifique de la Suisse et de la Genève internationale, et le Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) ont déjà lancé depuis l'année dernière un chantier à plus long terme.

Avec l'Université de Columbia, les deux entités souhaitent réfléchir à quels seront les effets des avancées technologiques et scientifiques sur la paix et la sécurité à l'avenir. La première réunion de ce nouveau partenariat a eu lieu mercredi et jeudi à Genève.

Contrôle des données, intelligence artificielle (IA), robots tueurs, ordinateurs quantiques ou armes biologiques sont autant de défis qui peuvent affecter la scène internationale. Comment réconcilier une approche mondiale avec des réalités locales, comment sortir de l'écosystème genevois ou international pour s'approcher des zones de conflit, telles ont été certaines des interrogations abordées.

Le temps des solutions n'est pas encore venu, mais la discussion a contribué à garantir que les bonnes questions sont posées. 'Pour avoir un impact, nous devons commencer maintenant', a affirmé à Keystone-ATS la spécialiste de la recherche sur l'avenir, Sirkka Heinonen. 'Nous sommes dans une société en crise', de la finance à l'environnement en passant par les technologies, et il est 'urgent' de réfléchir.

Décideurs à convaincre

Selon l'ancien sous-secrétaire général de l'ONU Jean-Marie Guéhenno, si cet exercice avait été mené il y a 25 ans, 'nous n'aurions pas été surpris par l'impact de Facebook'. Les dirigeants politiques auraient vu son effet de changement'.

Un avis que partage l'ambassadeur suisse pour la diplomatie scientifique Alexandre Fasel. 'ChatGPT montre que nous avons besoin d'un instrument comme le GESDA', insiste-t-il. Il faut tenter de voir comment l'approche de celui-ci, qui tente d'anticiper sur 5, 10 et 25 ans s'applique à la question de la guerre et de la paix et d'identifier de possibles scénarios avant qu'ils n'arrivent.

Problème, il faut désormais convaincre les décideurs et les diplomates, souvent empêtrés dans le court terme et la prochaine élection. M. Fasel reconnaît cette difficulté et que le défi sera de montrer que l'approche est 'scientifique' et non 'militante'.

Prochaines réunions attendues

Si le conflit en Ukraine n'a pas provoqué cette discussion, il a remis la thématique de la guerre parmi les préoccupations des citoyens. Un moment qui 'tombe bien' pour aborder celle-ci à plus long terme, dit M. Fasel.

Comme d'autres, il relève à quel point la société s'est accélérée. Il y a 25 ans, personne ou presque ne savait qui était le président russe Vladimir Poutine et les smartphones n'existaient pas, a dit l'ambassadeur.

D'autres réunions suivront à New York l'été prochain puis en octobre lors du troisième sommet du GESDA à Genève. Un mécanisme permanent de conseil pour les décideurs politiques devrait ensuite être lancé à terme mais la réflexion devrait prendre plusieurs années, affirment aussi la trentaine de participants.

/ATS