Genève

L'avenir des lieux nocturnes genevois au PAV reste flou

05.03.2025 18h51 Lucie Hainaut

Gravière Gravière

Les boîtes de nuit genevoises sont inquiètes pour leur avenir. Certains établissements devront déménager d’ici quelques années, pour permettre l’aménagement progressif du PAV; mais ils ne savent pas où ils seront relogés. Une incertitude qui agace les acteurs de la vie nocturne, qui dénoncent l’absence d’une politique claire.

Où pourra-t-on faire la fête à Genève ces prochaines années? Dur de le dire, puisque bon nombre de clubs occupent des lieux temporaires. Et pour certains, l’échéance se rapproche: décembre 2026 pour le Motel Campo, 2030 pour La Gravière ou le Village du Soir. 

« On a obtenu un bail de 5 ans, il court jusqu’à fin 2026. D’un côté on nous annonce que c’est le dernier mais de l’autre, on nous dit qu’on pourra peut-être rester plus longtemps. Moi j’aimerais bien savoir, si ça peut durer, pour combien de temps? Est-ce que c’est 2030 comme la Gravière? Il faudrait qu’on puisse s’organiser, savoir si on peut encore investir dans ces lieux, ou préparer un relogement ailleurs» raconte Frédéric Post, co-fondateur du Motel Campo.

Être des interlocuteurs pour les autorités

Ces lieux nocturnes se sont installés dans des espaces temporaires, mais le transitoire a fini par durer. La Gravière aurait dû rester 15 mois, cela fait 13 ans qu’elle occupe les mêmes locaux.

Le manque de vision sur l’avenir complique le travail des gérants: «On a des obligations, des employés, des investissements qu’on fait pour l’association. On aimerait bien savoir comment on peut investir dans cette salle, et comment on peut aller de l’avant. Et pouvoir être des interlocuteurs privilégiés des autorités pour la suite» énonce Elisabeth Couzens, membre du comité de la Gravière. 

Le Village du Soir est lui aussi concerné. Pour le moment, son bail court jusqu’à 2030: «Nous cherchons un lieu de transition, une fois qu’on sera confrontés aux travaux de construction de cette future zone. On est dans la même situation, on espère que la FTI pourra nous proposer un lieu de remplacement» explique Seb Courage, co-fondateur du Village.

Interpeller les pouvoirs publics

Le Grand Conseil de la Nuit est une association qui regroupe des bars et des clubs genevois. Il a organisé une discussion pour interpeller les pouvoirs publics sur l’avenir de la vie nocturne genevoise.

Pendant la rencontre, le président de la Fondation du PAV a tenu à rassurer les acteurs culturels: «L’objectif pour nous c’est de pouvoir permettre à la vie nocturne de se développer, et que la vie culturelle puisse foisonner. Mais on est au début du processus, et donc il faut nous laisser le temps d’organiser les choses, de manière à répondre aux questions concrètes» temporise Bertrand Reich. 

S’il est encore trop tôt pour les réponses concrètes, la Fondation des Terrains Industriels dit avoir déjà pris des mesures. Elle gère la quasi-totalité des périmètres industriels du canton: «Nous avons fait évoluer une partie de la législation, qui nous permet d’envisager des nouvelles dérogations de manière plus pérenne. Nous sommes sensibles au travail des acteurs de la vie nocturne, et nous pensons à ces activités-là pour l’avenir» rassure Guy Vibourel, Président de la Fondation des Terrains Industriels.

Des quartiers du PAV déjà identifiés

Les quartiers du PAV identifiés pour de futurs lieux nocturnes sont ceux concernés par l’industrie et l’artisanat. Soit Praille-Ouest (la zone en face du stade et du centre commercial), Pointe Nord (l’espace entre la route des Jeunes et l’Arve, où se trouve la Gravière), et Porte Sud (la zone accolée au stade de la Praille, où se tient le Village du Soir). 

«Ce sont des endroits où nous savons déjà que la question du bruit sera moins problématique pour la cohabitation. Ça ne veut pas dire que ces activités ne peuvent pas avoir lieu ailleurs» souligne Saskia Dufresne, directrice générale du projet Praille Acacias Vernets au Département du Territoire.

Le Grand Conseil de la Nuit estime que ses établissements membres accueillent 250'000 personnes par an, le Village du Soir divertit le même nombre de noctambules. 500'000 fêtards se retrouveraient donc sur le carreau, si ces lieux nocturnes n’obtiennent pas de nouveaux espaces.