Genève

L'info en ligne de la RTS rabotée pour plaire aux éditeurs

26.05.2025 17h18 Gilles MIELOT

redac

La SSR a passé un marché avec la presse alémanique pour réduire la taille de ses textes sur le web en échange d’un soutien contre l’initiative sur la redevance à 200 CHF. Plus de 300 collaborateurs ont signé une lettre ouverte remise ce jour à la direction pour dénoncer cet appauvrissement de l’offre.

L’information de la RTS sacrifiée sur l’autel de la concurrence avec la presse écrite et d’un soutien pour l’avenir de son offre journalistique. C’est ce que dénonce une lettre ouverte signée par plus de 300 collaborateurs remise ce jour à la direction. Un deal qui réduit la taille des textes sur le site internet en échange d’un soutien des éditeurs alémaniques en vue de la votation à risque sur la redevance. 

Un gentlemen agreement confirmé par la direction de la RTS à nos confrères du Blick et assumé. La télévision et la radio doivent de focaliser sur la fabrication de sons et d’images et ne pas empiéter sur un rédactionnel en ligne qui fait concurrence à la presse écrite. 

Une situation dénoncée par près de 20% des journalistes de la RTS qui estiment que la rédaction en ligne complète des sujets parfois complexes, difficile à exploiter pleinement sur des formats TJ trop courts. Une information rabotée pour ne pas concurrencer les journaux sur le digital en échange d’un soutien contre l’initiative sur la redevance à 200 CHF. 

La direction de la chaine a rencontré les collaborateurs radio aujourd’hui et verra les collaborateurs TV mercredi pour expliquer sa stratégie. En filigrane, réduire l’information en ligne pour ne pas péjorer celle diffusée sur les canaux originaux, au risque de devoir le faire faute d’un budget suffisant si l’initiative passe. 

 

Contactée, voici les précisions de la SSR :

Le point central de l'accord est l'offre en ligne de la SSR, qui est essentielle pour l'entreprise média publique; en effet, ce n'est qu'avec une présence en ligne qu’elle pourra continuer à remplir son mandat de service public à l'avenir. Mais la SSR concentrera désormais son offre en ligne plus fortement sur ses activités principales, audio et vidéo. Les limites concernant la longueur des textes font partie de cet accent.

Cet accord contient bien davantage d'éléments qui visent à renforcer la place médiatique suisse qui est sous pression. Les médias privés et publics confrontés à des défis que nous ne pouvons relever uniquement en réunissant nos forces : Renforcer la confiance de la population dans les médias, maintenir la diversité des médias, empêcher que l'argent de la publicité ne parte à l'étranger. Dans ce contexte, retirer chaque année 750 millions de francs à la place médiatique suisse, c’est nuire non seulement aux médias publics, mais aussi aux médias privés. Cet argent ne reviendra pas à la place médiatique suisse. La SSR et l’association des éditeurs Schweizer Medien sont d'accord sur ce point.