Genève

La Gaîté a le cafard

12.03.2024 19h21 Delphine Palma

boutique

Fantaisie et bonne humeur abandonnent un peu le centre-ville. La Gaîté, cette boutique mythique de déguisements et de babioles festives des Rues-Basses, doit baisser le rideau. A 87 ans passés, Monique, la patronne, ne peut plus lutter contre la concurrence d’Internet. 

Se masquer, se grimer, et surtout se costumer. Monique Manoukian vend dans sa boutique, tout ce qu’il faut pour faire la fête. Mais la patronne de la Gaîté à le cafard. À cause du COVID et de la concurrence toujours plus grande d’Internet, elle est contrainte de rendre son tablier et de tout liquider. À contrecœur. «Ce n’est pas de gaîté de cœur que je ferme, loin de là» glisse Monique Manoukian. «J’avais repris cette boutique pour ne pas qu’elle ferme. J’avais dit 5 ans, j’en ai fait 24! Mais il n’y a pas d’autres solutions. On perd de l’argent donc il faut stopper l’hémorragie.» 

Une institution presque centenaire

La boutique, fondée par un magicien en 1928, occupe cette même échoppe de la rue de la Rôtisserie depuis les années 40.  À l’origine, on venait ici de toute la région pour son grand choix de farces et attrape.

Au fil des ans, le commerce s’est spécialisé dans les costumes et dans ses multiples accessoires. Halloween et l’Escalade attiraient ici les foules. «Nous étions obligés de prendre un gardien à la porte, pour que les gens ne s’écrasent pas au fond du magasin. Les gens faisaient la queue dans la rue. Maintenant, tout cela n’existe plus», se souvient Monique émue. 

Tout doit disparaître

La patronne baissera définitivement le rideau au mois de juin. Elle laisse derrière elle trois employés et une solide réputation. «En tant que Genevois, je viens depuis ma tendre enfance. C’est le passage obligé», réagit un habitué du quartier.  À 87 ans, la patronne promet de souffler un peu et de profiter de sa retraite, loin de l’univers de la fête, promis. En attendant, costumes, moustaches et cotillons, tout doit disparaître.