Genève

«La canicule nous dérègle», quand la chaleur affecte le mental

30.06.2025 18h40 Rédaction

emna

La chaleur extrême n’épuise pas que les corps. Elle dérègle aussi notre cerveau, alerte la psychologue Emna Ragama Pardos. Troubles de l’humeur, irritabilité, baisse de concentration: le stress thermique a des effets profonds, souvent ignorés.

«Ce n’est pas juste un petit coup de chaud», insiste Emna Ragama Pardos, psychologue et responsable du Centre spécialisé Santé psychologique. La psychothérapeute tire la sonnette d’alarme sur de potentiels risques, car oui, les canicules altèrent directement notre santé mentale.

Selon Emna Ragama Pardos, l’élévation des températures perturbe le système nerveux. «On appelle ça le stress thermique. Notre «climatiseur naturel», le thalamus, peine à maintenir l’équilibre. Résultat: des dérégulations dans la transmission des signaux entre les cellules nerveuses, notamment au niveau de la sérotonine et de la dopamine», explique-t-elle.

Les conséquences sont multiples: «anxiété accrue, irritabilité, pensées négatives, difficultés à se concentrer ou à réguler les émotions», énumère la psychologue. Et ce mal-être n’épargne personne. «Tout le monde est affecté, qu’on en soit conscient ou pas. Il faut normaliser cela», précise la professionnelle.

L'irritabilité n'épargne personne

Les personnes déjà fragilisées psychiquement — troubles anxieux, burn-out, dépression, maladies neurodégénératives — sont particulièrement à risque. «Leur système nerveux est déjà plus sensible. Elles auront plus de mal à s’adapter», détaille la psychothérapeute.

Face à ce potentiel fléau, Emna Ragama Pardos appelle à ralentir: «Il faut s’imaginer en vacances dans le Sud. Éviter les efforts aux heures chaudes, rester à l’ombre, boire, même sans soif, et activer ses propres stratégies de régulation du stress.» Elle salue les efforts de certaines villes qui installent des points de nature. Mais pointe aussi un manque criant: «Les plans d’action canicule intègrent rarement la santé mentale. À peine 20% selon les rapports mondiaux.»

Alcool, faux ami

Emna Ragama Pardos met en garde contre certains réflexes culturels mal adaptés: «L’alcool est totalement contre-indiqué. Mais refuser un verre de rosé en terrasse n’est pas toujours facile.» Sa conclusion est claire: «Ce n’est pas une question de paresse. C’est une nécessité biologique de ralentir.»