Genève

La colère agricole aux portes de Genève

26.01.2024 17h09 Gilles MIELOT

redac

La colère des agriculteurs en France s’est invitée aux portes de Genève. Une centaine d’entre eux bloquent le péage d’Allonzier-la-Caille entre Annecy et Genève avec une quarantaine de tracteurs depuis ce matin. Ils dénoncent des charges administratives trop lourdes, des taxes, un prix du gasoil et des normes environnementales trop restrictives. Le mouvement pourrait s’étendre dans les jours à venir. 

Tout a commencé avec des panneaux retournés en fin d’année dernière, et face à la surdité du gouvernement, la colère agricole a pris une autre forme depuis une semaine. Des barrages filtrants sur plusieurs axes importants en France, jusqu’aux portes de Genève. Depuis 7h ce matin, une centaine d’agriculteurs bloquent la barrière de péage d’Allonzier-la-Caille entre Genève et Annecy entrainant plus de 10 kms de bouchons.

«Les normes européennes on n'en peut plus, les accords de libre-échange, on n'en peut plus, on importe des produits d'Amérique latine qui sont produits dans des conditions environnementales désastreuses, ça ne pose pas de problèmes à nos politiciens alors que nous on doit produire de manière beaucoup plus raisonnée» se plaint Jérémy Bechet, apiculteur à Sciez.

«Aujourd'hui on n'arrive plus à sortir ne serait-ce qu'un litre de lait ou un kilo de viande au coût d'il y a dix ans» dénonce Damien Tirel, exploitant agricole à Saint-Paul-en-Chablais.

Une précarité nationale.

La précarité de la profession touche toutes les régions, même en Haute-Savoie malgré l’eldorado helvétique et le fort pouvoir d’achat de la population frontalière. Des agriculteurs étouffés par les taxes, les normes européennes, l’inflation et la pression foncière. 

«Le coût du foncier est très cher, aujourd'hui, quand un jeune veut s'installer, il doit sortir 500 000 Euros soit pour reprendre une exploitation, à 20 ans, s'endetter ainsi, ce n'est pas possible» 

Selon les sondages, le mouvement a la sympathie de la population sauf quand elle est touchée de trop près. Dans la file des automobilistes bloqués, les avis sont unanimes «On les soutient, mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps, sinon on sera pénalisé», «Il faut plutôt aller manifester devant les mairies où chez les députés que bloquer la route pour les gens», «On aurait aimé être prévenu, parce que être bloqué 3 heures sans pouvoir aller travailler, c'est compliqué».

Les soutiens sont ailleurs, chez les routiers, et les taxis notamment. Deux corporations qui pourraient rejoindre les rangs des contestataires. Le gouvernement français doit annoncer des mesures ce soir pour éviter la contagion.

A Allonzier-la-Caille, le barrage devrait être levé ce soir, mais les agriculteurs envisagent déjà de revenir la semaine prochaine, plus nombreux et avec un barrage plus hermétique.