La délicate restauration du chemin de croix du Sacré-Coeur
L’église du Sacré-Cœur, ravagée par un incendie en 2018 rouvrira fin mai après deux ans et demi de travaux. Un chantier colossal qui aura mobilisé près de 200 ouvriers, dont trois restaurateurs chargés de redonner vie au Chemin de Croix, les tableaux de la Passion du Christ.
Quatorze tableaux qui ont diversement souffert lors de l’incendie et de l’effondrement du toit, noyés sous des mètres cube d’eau pour éteindre le sinistre. Les stations de la Passion du Christ sont restaurées par trois professionnels.
«On a d'abord dû réaliser un gros travail de conservation, le défi à consisté à recoller la couche picturale sur le support qui était très altéré» précise Eloïse Delaval, conservatrice et restauratrice du patrimoine. Un travail méticuleux et très technique qui demande du temps et de la patience.
Facing avec du papier japon pour protéger la couche picturale, mastiquage pour consolider le support avant de combler les manques de peinture selon la technique du tratteggio, de fines lignes verticales. «On applique les teintes différentes les unes à côté des autres, vous allez voir plein de petits traits, visibles si vous êtes proches, mais de loin, votre oeil va glisser sur la vibration».
Contraste avec une autre technique de peinture pour les nouveaux piliers, le cœur de l’église a été entièrement refait, seuls quelques éléments au sol ont pu être conservés. «On se trouve devant les restes du tapis d'entrée du Temple unique, on a vraiment des mosaïques de l'époque, l'objectif c'est de garder le plus de matières historiques» précise le chef de projet, Stéphane Franck.
La restauration du Sacré-Cœur a coûté 25 millions et demi de francs, financée par les assurances, des donateurs et par un emprunt bancaire. Une véritable cure de jouvence pour cet édifice avec un puit de lumière en son centre, des salles de réunions et un restaurant pour assurer à l’avenir une autonomie financière et briser la frontière entre le religieux et le laïc.